Théâtre Cri : Superlatif
Scène

Théâtre Cri : Superlatif

Le Théâtre Cri présente son nouveau spectacle, Gargantua, un théâtre d’objets s’apparentant aux arts de la marionnette, jusqu’au 1er octobre.

Est-ce géant? Colossal? Démesuré? Gigantesque? Non, c’est gargantuesque: c’est ce personnage de François Rabelais, Gargantua, dont l’histoire est parue au XVIe siècle, qui a inspiré l’adjectif le plus excessif.

Il est grand, très grand. Il est gros, très gros. Il est truculent et glouton, il aime la chair et se contente. Une seule devise: plaisir, jouissance, délices et réjouissances. La vie ne se goûte pas à petites bouchées lorsque l’on a un si large gosier. En tout temps on est au seuil de tous les excès.

"Je cherchais un texte, comme une légende ou un mythe, que tout le monde connaît, dont tout le monde a déjà entendu parler, raconte Guylaine Rivard, directrice artistique du Théâtre Cri. Au début, je pensais à Don Quichotte. Finalement, je suis tombée sur les gravures de Gargantua faites par Gustave Doré. Peu de gens connaissent vraiment l’histoire de Gargantua, mais tout le monde en a déjà entendu parler." C’est ce personnage bon vivant – très bon vivant – que le Théâtre Cri met en scène pour sa plus récente production.

Pour former l’équipe qui donnera vie à l’univers outrancier de Gargantua, la metteure en scène a dû demander les services de comédiens n’ayant pas nécessairement d’expérience en manipulation. "J’aime permettre ça aux comédiens, affirme-t-elle. Toucher à des choses qu’ils n’auraient pas l’occasion de toucher autrement. Le théâtre de l’objet est une expérience très intéressante." C’est Maud Côté, Véronique Gagné, Josée Gagnon, Martin Gagnon, Patrice Leblanc, Dany Lefrançois et Nadia Simard qui se fondront littéralement dans le paysage de Gargantua. "Les lieux deviennent des géants, explique Guylaine Rivard. Gargantua, pour moi, est un personnage plus grand que nature. Alors, les lieux, les espaces qu’on crée, qui sont gigantesques, devaient être portés par des géants." Dany Lefrançois, manipulateur de service, renchérit: "Les corps sont vraiment importants. Les manipulateurs deviennent presque plus importants que l’objet… Ça fait des montagnes qui respirent. On devient nous-mêmes des objets, des marionnettes."

Sans chercher à innover, à réinventer les arts de la marionnette, Guylaine Rivard a voulu créer une esthétique qui lui serait propre. Sa marionnette est brute et assumée comme telle, refusant la finesse et la souplesse que l’on reconnaît à plusieurs marionnettes aujourd’hui. Il s’agit de créer une nouvelle grammaire, quitte à ce qu’elle ne serve qu’une fois. "Parfois on se dit qu’on a fait le tour de quelque chose, alors on va ailleurs. Peut-être qu’il n’y a plus rien de ça qui va servir… Mais pour l’instant, c’est extrêmement riche. Plein d’inventions, de contraintes…"

La production se présente comme une succession de tableaux, se rapprochant ainsi des arts plastiques. "Je suis partie de dessins que j’ai faits et j’ai essayé de les reproduire… Avec les problèmes que ça apporte. Est-ce trop statique? Qu’est-ce que ça dit? Est-ce que c’est juste joli? En même temps, ça se peut que ce soit tout ça. Je l’assume. Par contre, ce que je ne veux certainement pas, c’est que les comédiens n’aient pas de plaisir à faire ça ou que les spectateurs se sentent perdus. C’est sans prétention."

Du 14 septembre au 1er octobre
À la salle Pierrette-Gaudreault
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