Ascension : Élever l'âme
Scène

Ascension : Élever l’âme

Avec Ascension d’Olivier Choinière, le mont Royal – qui fête cette année son 130e anniversaire – devient la matière première d’un pèlerinage sonore.

Depuis 2003, le jeune auteur, metteur en scène et traducteur Olivier Choinière prend d’assaut les rues de Montréal (Beauté intérieure, Bienvenue à… une ville dont vous êtes le touriste) et propulse son public au coeur d’une fiction ancrée dans le réel. Pour Ascension, c’est le poumon de la Métropole qui sert de vaste terrain de jeu.

Au cours de la déambulation, les spectateurs sont invités à gravir le sentier principal du mont Royal – conçu en 1876 par l’architecte paysagiste Frederick Law Olmsted – qui s’étend du monument Georges-Étienne Cartier jusqu’à la croix plantée au sommet de la montagne. Par le biais d’un audio-guide, les marcheurs se retrouvent plongés dans la pensée de différents personnages, qui évoluent à différentes époques, au moment où ces derniers grimpent également la montagne. Son pèlerinage, Olivier Choinière l’a imaginé cet été en s’imprégnant, calepin à la main, des atmosphères visuelles et sonores du chemin Olmsted et en épluchant les archives de la Ville de Montréal. "Je suis allé chercher une galerie de personnages liés de près ou de loin au mont Royal, à partir de l’histoire et de faits divers. Mais ça reste une fiction. Ma matière, c’est le mont Royal; mon sujet, la renommée", dit l’auteur d’Autodafé et de Venise-en-Québec. Le décor est planté.

MATIÈRE ET SUJET

Selon des témoignages de jésuites de l’époque, Maisonneuve aurait monté une croix au sommet du mont Royal, en janvier 1643, pour remercier Dieu d’avoir miraculeusement sauvé Ville-Marie des eaux. "Maisonneuve a été animé par la nécessité de traverser le temps, de marquer le territoire, de planter une croix. Et c’est avec les pensées de Maisonneuve qu’on voyage à travers le temps et qu’on entre de manière télescopique dans d’autres pensées qui auraient été habitées par les mêmes questions que lui. J’essaie de voir comment le sujet de la renommée a évolué et s’il reste en nous des traces de cet héritage religieux que nous croyons avoir perdu", lance Olivier Choinière. Dans l’idée de laisser une trace de son passage sur terre, subsiste aussi le désir d’immortalité. "Le mont Royal a toujours été un lieu menacé. Lorsqu’il a construit le chemin qui mène à la croix, l’architecte du parc a été guidé par le désir de conserver l’esprit de la montagne. On retrouve donc la peur de disparaître, l’idée de conservation", affirme Olivier Choinière qui tisse ici un autre lien entre la matière et le sujet de son spectacle.

LA CITÉ ET VOUS

"L’idée, c’est de livrer mon point de vue d’aujourd’hui sur le sujet de la renommée, mais aussi de faire parler le 17e siècle français religieux à travers des personnages", soutient l’auteur. Le défi était donc de traduire les pensées de toute une époque à un moment précis, en y incluant un environnement sonore riche et adéquat. "C’est un jeu de synchronicité entre votre propre vie et ce qui vous est proposé comme univers et comme fiction. Mon but ultime, c’est que le spect-acteur vive cela comme une expérience personnelle. Je l’appelle spect-acteur car c’est lui qui assiste et qui fait le spectacle", souligne Olivier Choinière. Tout au long de ce parcours, vous serez effectivement les seuls à appuyer ou non sur le bouton "Play" de l’audio-guide, à vivre ou non cette expérience que vous transportez et qui germe au milieu des lieux et des sons environnants. "Même si le propos ne l’est pas en apparence, il n’y a pas plus politique que ça. On ne plonge pas mieux dans la cité qu’en faisant une déambulation sonore", conclut Olivier Choinière.

Jusqu’au 15 octobre
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