La Fête sauvage : Le coeur à la fête
La Fête sauvage est de loin la plus personnelle des trois productions du Théâtre de la Banquette arrière.
Si La Fête sauvage est une pièce si personnelle, c’est avant tout parce qu’on y sent très distinctement battre l’âme et le coeur de son auteur: Mathieu Gosselin. Pour porter à la scène cette parole qui conjure la mort en célébrant la vie, les membres du dynamique et très talentueux Théâtre de la Banquette arrière ont choisi Claude Poissant, un metteur en scène qui a fait ses preuves lorsqu’il s’agit de mettre au monde de nouvelles voix.
Mathieu Gosselin, qui avait fait entendre quelques textes avant de terminer La Fête sauvage – notamment lors du Festival du Jamais Lu -, s’est inspiré de son enfance à Saint-Athanase pour dépeindre, sans caricature ni complaisance, le quotidien d’un groupe de jeunes adultes vivant en milieu rural. Les personnages, pourtant à peine trentenaires, sont déjà presque tous casés et parents. Liés par une véritable amitié, ils tentent de survivre au suicide de Frank, leur grand chum, celui qui s’est inexplicablement pendu à un arbre il y a deux mois. Dans leurs bouches se niche une langue très belle, un parler plus poétique que nature, tellurique, américain en même temps que français, des mots qui expriment la détresse, la culpabilité et la colère… mais aussi le désir, l’amour et l’espoir.
Pour enterrer les cendres de celui qui fut son amoureux, Martine 1 (Sophie Cadieux) a choisi le jour de son propre anniversaire. Autour d’elle, Martine 2 (Rose-Maïté Erkoreka), Burn (Renaud Lacelle-Bourdon), Mabel (Anne-Marie Levasseur) et Rod (Simon Rousseau) font tout ce qu’ils peuvent pour avoir le coeur à la fête. Chez les voisins, Minou (Sébastien Dodge) et Minoue (Amélie Bonenfant), on parle très peu ou alors pour remplir le vide. La pièce alterne, avec beaucoup d’efficacité, les scènes intimes et les scènes de groupe, les discussions de gars et les discussions de filles, en plus d’introduire, ici et là, ces scènes cruciales où l’on réalise que Minou et Minoue souffrent autant que les autres, mais autrement. Pour incarner son constat, d’une rare sensibilité, Mathieu Gosselin ne pouvait espérer mieux que la direction rythmée de Claude Poissant et la dextérité d’une si éclatante distribution.
Mise à jour (2009-03-10)
Sophie Cadieux a été remplacée par Sandrine Bisson et Amélie Bonenfant par Lise Martin.