La Soif de l'or : Dialogue de sourds
Scène

La Soif de l’or : Dialogue de sourds

La pièce La Soif de l’or ouvre la saison du Théâtre de l’Île avec une bonne dose d’adrénaline, dessinée par une équipe jeune et dynamique. Bref entretien avec la metteure en scène, Isabelle Belisle.

Ayant senti que cette pièce qu’avait écrite Vincent Bolduc en exercice d’écriture comme finissant à l’École nationale de théâtre était "dans ses cordes", le directeur artistique Gilles Provost a proposé La Soif de l’or à Isabelle Belisle. Celle qui a présenté les mises en scène de Vol au-dessus d’un nid de coucou et Lysistrata sous ce même toit s’est immédiatement sentie interpellée par ce qu’elle décrit comme un "thriller": "C’est venu me parler en tant que comédienne. Il y a de beaux morceaux d’acteurs dans la pièce. Dès la première lecture, j’entendais déjà la voix des personnages."

L’histoire se déroule dans une ville minière où un meurtre vient ébranler la vie de six personnages écorchés. "Il y a deux niveaux à cette oeuvre. Le premier est de l’ordre du divertissement, on se fait raconter une histoire, on embarque dans l’intrigue de ce meurtre. C’est très dynamique, il y a toute une série de flashbacks, de puzzles. Chaque scène est une bulle en soi et il n’y a pas de personnage accessoire, tous ont les mains un peu tachées de sang. Le deuxième niveau traite de l’être humain. De notre incapacité à se dire les vraies choses, de l’incommunicabilité. La pièce est au fond construite sur un dialogue de sourds."

En plus du symbolisme de la mine et de la "chute libre des personnages", Isabelle Belisle souligne l’image de la soif, omniprésente dans la pièce: "Tout au long de la pièce, on parle de liquide, mais les personnages restent sur leur soif. Ce n’est pas la soif de l’argent, mais bien la soif de l’autre. Il y a toute cette dichotomie: comment posséder l’autre? être libre avec l’autre? le laisser respirer?…"

La metteure en scène a fait appel à une équipe de jeunes comédiens, dont certains font leurs premières armes au théâtre professionnel: Ève Alexandre-Beaulieu, Alain Dubreuil, Guillaume Houët, Geneviève Lefebvre, Matt Miwa et Catherine Rousseau. "Ces personnages demandent un investissement incroyable parce qu’il faut garder un équilibre entre le contrôle du comédien et la perte de contrôle du personnage. Les scènes débutent et se terminent dans un état émotif excessif, à vif."

Isabelle a aussi relevé dans l’écriture le comédien qui se cachait derrière l’auteur, qu’on a vu évoluer à l’écran depuis l’enfance: "Ce sont des scènes très intimes qui se prêteraient très bien au cinéma ou à la télévision. Amener cette intimité sur scène est un autre défi; une chance qu’on a un théâtre de poche pour le faire parce que ça n’aurait pas eu le même impact au Centre national des Arts!"

"Pour moi, cette oeuvre, c’est beaucoup plus du tragique que du dramatique. Dans le drame, on a toujours un contrôle sur notre destinée, on peut changer les choses. Dans La Soif de l’or, les personnages sont dépassés par les événements, leur sort leur échappe… Reste à savoir s’ils vont en sortir!" conclut-elle les yeux pétillants.

Jusqu’au 21 octobre
Au Théâtre de l’Île
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