Le FIL : Le Banquet
Le FIL met à table excès et contrastes avec Poésies, sandwichs et autres soirs qui penchent. Au menu riche et panaché, des textes de Rimbaud, de Jim Morrison, de Gaston Miron et d’autres auteurs seront servis par vingt-quatre comédiens de tous âges et paysages.
Ni du théâtre, ni une simple lecture, Poésies, sandwichs et autres soirs qui penchent est un mariage de poèmes chorégraphiés. "C’est une cérémonie de sens, un happening poétique", précise Loui Mauffette, géniteur du projet, qui signe sa première mise en scène officielle. Coloré attaché de presse du TNM, Loui Mauffette a d’abord été comédien. Effrayé par les trous de mémoire, il a quitté les planches. Grâce à ce spectacle, il dit renouer avec ce qu’il est vraiment, un artiste.
Il offre cette cérémonie poétique à son père, Guy Mauffette, célèbre animateur et auteur, décédé il y a un peu plus d’un an. "Quand mon père est mort, c’est comme s’il m’avait dit: "Ok, sois un grand garçon et retourne à ce que tu es, à tes racines"."
HOMMAGE PAR LA POÉSIE
La poésie était un choix évident pour Mauffette. "Je suis un fils de poète, mais je ne connaissais pas la poésie. À la suite du décès de mon père, j’ai senti une urgence de retrouver le sens de cet univers."
Pour combler sa pulsion, l’homme a su s’entourer d’une "famille" de comédiens passionnés par les mots. Pascale Montpetit fait partie de l’aventure. D’entrée de jeu, la comédienne cite un poème de Francis Picabia pour parler du spectacle: "C’est beau comme la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table d’opération." Faute d’être dans un hôpital, les comédiens seront attablés autour d’une grande table festive. Ce qu’il y aura dessus demeure une surprise.
Pas besoin d’avoir lu l’oeuvre complète de Rimbaud pour assister au spectacle. "La poésie, c’est si personnel, il n’y a pas de mauvais sens à sa compréhension", affirme la comédienne, en avouant néanmoins que le public sera le vingt-cinquième personnage.
"THÉÂTRE DE BROUSSE"
Mauffette et son assistant et acolyte Francis Ducharme ont travaillé d’arrache-pied pour la sélection des textes. "Loui aurait voulu faire participer plus d’acteurs et avoir encore plus de textes, raconte Ducharme. Je le freine parfois dans ses désirs. Je contrôle en quelque sorte sa surdose d’inspiration", dit-il sur un ton de franche camaraderie.
Malgré ce "contrôle", il n’en demeure pas moins que vingt-quatre comédiens sur une même scène, c’est inusité. D’autant plus que seulement une vingtaine d’heures de répétition ont été prévues avant le grand soir. "C’est du théâtre de brousse, raconte Francis Ducharme. J’adore me lancer dans des projets hystériques du genre."
Faut-il être un peu casse-cou pour accepter de collaborer à ce happening? Pascale Montpetit le voit plutôt comme une gâterie. "C’est un luxe de faire des choses qui n’ont a priori pas de sens! Ces conditions de travail répandent un climat. On est des compagnons du destin et on va s’inspirer de nos différences et de l’urgence."
Face à ce spectacle littéraire, les spectateurs doivent s’attendre à tout et à rien. "C’est comme un jeu de cadavre exquis. Il n’y a aucun lien logique autre que le lien formel du hasard. L’unité du show va se bâtir avec la tournure d’esprit des artistes", raconte Pascale Montpetit.
Chose certaine, le public doit s’attendre à d’autres projets du genre. Emballé par son "rebirth", Loui Mauffette se régale d’annoncer que ce spectacle n’est qu’un début: "Il y en aura d’autres et de toutes sortes. Je suis très excité!"
Les 23 et 24 septembre
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
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