Andromak : Humain, trop humain
Andromak, une relecture de la tragédie qui ne passe pas la rampe un seul instant.
Avec Andromak, Simon Boudreault, cofondateur de Simoniaques Théâtre, souhaitait remettre la tragédie classique au goût du jour, restituer l’Andromaque de Racine dans sa vivacité originelle. Pour ce faire, il a retranché de nombreux passages, notamment ceux où les maîtres se confient à leurs suivants, et en a puisé quelques autres chez Virgile, Euripide et Shakespeare. Il a aussi créé un personnage de narrateur, transgressé les sacro-saintes unités, convié de forts jolis masques (Louise Lapointe) et de la musique en direct (Francis Rossignol et David Paquin). Malgré ces louables efforts et malgré la conviction des créateurs impliqués, le spectacle demeure long et sans aspérités, inspire trop souvent l’ennui.
L’incontestable talent des acteurs – Élisabeth Lenormand, Pierre Limoges, Jean Maheux, Louis-Olivier Maufette et Marie-Ève Pelletier – ne suffit malheureusement pas à galvaniser l’entreprise. Sans relief ni artifices, à mille lieues de toute catharsis, la tragédie s’enlise. N’existe-t-il pas un compromis entre les relectures emphatiques de certains et une pareille banalisation des enjeux tragiques? En fin de compte, il serait peut-être préférable de mettre en scène les réécritures tragiques, celles souvent passionnantes et radicales que signent certains dramaturges contemporains: Eugène Durif, Howard Barker, Janusz Glowacki et surtout Heiner Müller, plutôt que de s’acharner à "assouplir" Racine.
Jusqu’au 7 octobre
Au Théâtre La Chapelle
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