Trains fantômes : En transit
Scène

Trains fantômes : En transit

Trains fantômes, une incursion attendrissante dans les contes ferroviaires de Mansel Robinson.

Le comédien, metteur en scène et cofondateur du Théâtre ni plus ni moins, Frédéric Blanchette, a un automne bien rempli! Le 10 octobre prochain, Le Périmètre, sa première "vraie" pièce de théâtre – il est l’auteur de plusieurs courtes pièces -, sera créée, par lui-même, entre les murs du Théâtre d’Aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, le jeune homme se produit actuellement sur les planches de La Petite Licorne. Sous la direction d’André Perrier, directeur du Théâtre Triangle Vital, il endosse Trains fantômes, un convoi de contes ferroviaires et poétiques. Le texte du Canadien Mansel Robinson est traduit par Jean Marc Dalpé.

Tout en manipulant nostalgiquement les nombreux objets dont la scène est encombrée (des artefacts minutieusement choisis par Julie Deslauriers), Danny raconte des histoires de cheminots, des légendes viriles qui appartiennent à une tradition orale du Nord de l’Ontario. Au fil de son récit, l’homme dévoile des pans entiers de sa vie, une existence que l’on découvre innervée de voies ferrées. Détournés, dérobés, immobiles ou filant à toute allure, les monstres d’acier semblent autoriser Danny à se rapprocher de son père, un ouvrier qui va mourir, "un serre-frein à la dérive". Le fils fait couler dans nos oreilles, comme dans celles de son paternel, un flot étourdissant de mots. La langue de Mansel Robinson peut se faire déroutante, truffée de termes anglais et d’argot ferroviaire, mais elle impose une impitoyable cadence et une texture agréablement rocailleuse.

Le charisme du musicien western Aymar opère à merveille. Sans sa présence, sans son interprétation des compositions originales de Stewart MacDougall, le voyage ne serait résolument pas le même. Sobre, la mise en scène laisse toute la place à l’acteur, au sens figuré bien sûr, parce qu’au sens propre, il paraît plutôt à l’étroit sur le minuscule plateau de La Petite Licorne. Blanchette, qu’on n’avait pas vu jouer depuis quelque temps, mord vigoureusement dans cette langue exigeante. On découvre également la très belle voix chantée du comédien, un timbre enveloppant, chargé d’émotion, qu’on a déjà hâte de réentendre.

Jusqu’au 4 octobre
À La Petite Licorne
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