Ascension : Suivre la voix
Scène

Ascension : Suivre la voix

Ascension: une montée qui rappelle le passé en jetant un regard plus lucide sur le présent et l’avenir.

Dès qu’on enfile les écouteurs et qu’on active l’audio-guide qui nous est prêté pour l’occasion, on sent que l’univers proposé par l’auteur Olivier Choinière sera riche et dense. Fébrile, on avance de plus belle, guidé par une voix bienveillante.

Par le biais des transports en commun, on se laisse conduire jusqu’au pied de la statue du mont Royal. C’est là que débute le pèlerinage sonore qui mène au sommet de la montagne et dans lequel s’entremêle une foule de réflexions de personnages historiques ou fictifs qui ont fait don, par le passé, d’un peu de leur âme à la montagne. Ces hommes et ces femmes ont en commun d’avoir forgé, à leur manière, le petit bout de terre que l’on gravit à l’instant même où leurs paroles résonnent en nous. Pendant que se chevauchent les époques et leurs bruits ambiants, nous naviguons au coeur du récit de Maisonneuve qui s’évertue à monter une croix au sommet de la montagne, nous suivons le jeune Jean Drapeau qui rêve d’offrir à sa mère un chapeau de fourrure (fabriqué à l’aide du pelage d’un écureuil vampire qui s’exprime avec un accent anglais!) ou encore nous écoutons un illuminé sympathique livrer un message aussi lucide que mystique.

UNIVERS TOUFFU

Toujours savoureuse, l’écriture fertile de Choinière adopte différentes tonalités selon les propos, tantôt teintés d’amertume et de déception, tantôt empreints d’humour et d’ironie. L’environnement sonore de Jean-Sébastien Durocher est si riche et diversifié qu’on ne distingue plus le vrai du faux. Mais, à travers tous ces sons, ces mots qui nous interpellent et ces personnages auxquels Paul Savoie et Louise Laprade prêtent ingénieusement leur voix, il est parfois difficile de tout saisir et de conserver le rythme de croisière adéquat pour parvenir au bon endroit au bon moment. Petit conseil prosaïque: armez-vous d’un foulard et de mitaines chaudes. Après plus de deux heures de marche, lorsque la croix apparaît au détour du chemin, on a presque envie qu’elle nous ouvre ses bras de métal pour y trouver un peu de chaleur!

BESOIN UNIVERSEL

Avec Ascension, on survole les questionnements spirituels que se posent la plupart des mortels depuis le début des temps, mus par le désir de laisser une trace avant de tirer leur révérence. Toutes ces pensées pleines d’humanité nous amènent à ressentir de la compassion pour notre prochain, à nous sentir moins seul dans un monde plutôt moche, mais somme toute intéressant par sa complexité. Notre chemin de croix se termine sur les réflexions de l’auteur qui s’interroge sur sa propre quête de reconnaissance, sur la teneur de sa vie et la pertinence de son art. Un des passages les plus poignants – bien que terre-à-terre – de ce parcours théâtral.

Jusqu’au 15 octobre
Départ à la maison de la culture Côte-des-Neiges
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