Au retour des oies blanches : Battre de l'aile
Scène

Au retour des oies blanches : Battre de l’aile

Au retour des oies blanches, une oeuvre qui a mal traversé le temps.

Pour sa première mise en scène de théâtre, Louise Marleau a choisi de s’attaquer à une pièce de Marcel Dubé, un texte qu’elle a joué à sa création il y a quarante ans et qui s’intitule Au retour des oies blanches. Non seulement sa relecture présente bien peu d’éclat, mais le drame familial semble, en regard de notre époque, avoir perdu toute pertinence.

La pièce dépeint une famille de petits-bourgeois. À sa tête, on trouve Achille, un homme dominé par sa mère, Amélie, figure matriarcale qui veille depuis toujours à soigner les apparences. Achille est marié à Élisabeth, une femme qui engourdit son chagrin dans l’alcool. Leurs enfants, Geneviève et Robert, sont en rébellion contre tout ce que représentent leurs parents. Pour Geneviève, faire éclater la vérité à propos des aventures extraconjugales de son père est devenu un véritable combat. Cette histoire, qu’on voudrait nous faire croire aussi ample que celle des Atrides, est en réalité d’une grande banalité. L’intrigue est prévisible à souhait et les gestes posés (inceste, homosexualité, infidélité), prétendument scandaleux, ne nous choquent ni ne nous émeuvent. Cette pièce, jamais remontée professionnellement depuis sa création, a fort mal vieilli. Si elle a une valeur documentaire certaine – elle est le reflet d’une société en pleine mutation, celle où les enfants, ayant tué Dieu pour s’engager dans la révolution tranquille, s’opposent à leurs parents, élevés chez les jésuites -, elle n’éclaire pas un instant notre époque.

La mise en scène, truffée de maladresses, ne fait aucun effort pour dépoussiérer la pièce, l’espace est sous-utilisé et les acteurs éprouvent beaucoup de difficulté à se mettre en bouche cette langue particulièrement improbable. Quant aux comédiens interprétant les rôles secondaires, ils semblent avoir été livrés à eux-mêmes. Dotée d’une voix grave et d’un regard perçant, Catherine Renaud aurait pu donner bien plus de nuances au personnage de Geneviève. En somme, cette relecture ne passera sûrement pas à l’histoire. Espérons que Jacques Rossi fera mieux avec Florence, une autre pièce de Marcel Dubé présentée au Théâtre Denise-Pelletier en novembre.

Jusqu’au 28 octobre
Au Théâtre du Rideau Vert
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