Furies Alpha : Fureur de vivre
Scène

Furies Alpha : Fureur de vivre

Furies Alpha de la chorégraphe Estelle Clareton sublime la rage. Entrevue avec Kathy Casey, directrice artistique de Montréal Danse, qui a suivi la création depuis ses débuts.

Compagnie sans chorégraphe attitré, Montréal Danse fait figure d’exception dans le monde de la danse contemporaine. Sa directrice artistique, Kathy Casey, a pour mandat de dénicher des chorégraphes et de les pousser ensuite à aller au bout de leurs idées. "On travaille beaucoup ensemble, toujours dans l’optique de réaliser une pièce qui soit le plus proche possible de ce que le chorégraphe désire faire, dit-elle. J’essaie de trouver les bonnes questions pour que la pièce soit la plus forte possible, parce que des fois on connaît les réponses, mais elles sont cachées à l’intérieur de nous-mêmes. Une autre de nos particularités, c’est que j’essaie de prendre les chorégraphes quand ils sont prêts à essayer ce qu’ils n’ont jamais fait avant, pour que ce soit pertinent autant pour les chorégraphes que pour l’évolution de Montréal Danse."

Créée en 2005, Furies Alpha 1/24 (The Monsters Within) est la troisième pièce que la chorégraphe Estelle Clareton réalise au sein de Montréal Danse. L’expérience constituait pourtant un tournant dans son parcours puisque la chorégraphe souhaitait rompre avec une certaine danse-théâtre et se centrer davantage sur l’élaboration d’une gestuelle personnelle, alors qu’auparavant, elle confiait volontiers cette facette de la création aux danseurs. Bien connue pour son approche humoristique de thématiques sombres, elle ne pouvait envisager cette voie pour Furies Alpha, oeuvre créée dans la foulée de la visite d’un camp de concentration. "Sa rage était trop grande, rapporte Kathy Cassey. Ça a été un choc intime, qu’elle ne pouvait pas fuir."

En faisant des liens entre l’holocauste et sa propre vie, Estelle Clareton s’est intéressée aux relations intimes entre les gens et s’est demandé: quelle bête chacun de nous peut-il abriter en lui? "C’est un thème universel", commente la directrice artistique. "Nous avons chacun nos petits monstres, que nous accueillons parfois avec plaisir. Ça peut prendre plusieurs formes: l’excès, l’imagination, les peurs…" En fait, la pièce aurait pu s’intituler "Le monstre derrière la porte". Cette porte, bel et bien présente sur scène, symbolise les transitions, les épreuves, l’écran qui cache des peurs…

Estelle Clareton n’a donc pas complètement abandonné la théâtralité dans sa danse. En plus de la scénographie et des costumes qui donnent un contexte bien concret à son propos, un tableau du peintre François Vincent contribue à l’atmosphère de la pièce. Tantôt douce, tantôt énergique, la musique d’Éric Forget se veut en symbiose avec l’énergie déployée par la danse.

"C’est une danse très intense, 100 % engagée physiquement et émotivement", conclut la directrice artistique de Montréal Danse. "On est séduit par la physicalité. C’est émouvant de voir comment la rage peut se transformer. Il y a une grande beauté. C’est fascinant. Et les danseurs sont incroyables. Ils prennent des risques à tous les niveaux."

Du 5 au 7 octobre
À la salle Multi
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