Stéphane Fallu : Cabotinage contrôlé
Scène

Stéphane Fallu : Cabotinage contrôlé

Stéphane Fallu relève un grand défi. Pour la première de son tout premier spectacle solo, il s’attaque à la Mecque de l’humour à Québec, la salle Albert-Rousseau. Rencontre avec un cabotin attachant.

"J’ai trouvé un titre pour ton article, entame tout de go Stéphane Fallu. Je sais que vous aimez ça, au Voir, les titres avec un petit jeu de mots poche. "Y’aurait pas Fallu!", qu’est-ce que t’en penses? Ça te ferait un bon hook de départ!" Grande déception pour l’humoriste quand il apprend que les titres bidon sont désormais proscrits au journal. "T’es sûr?" Oui, oui… ça, c’était avant! Mais on va voir ce qu’on peut faire.

L’entrée en matière révèle beaucoup du personnage. Attachant, allumé, sensible et avec l’intelligence de la dérision, il répond généreusement au énième journaliste de la journée (tournée de promotion oblige!). "Tu sais, c’est mon premier show solo. Depuis ce matin, tous les médias me demandent de me définir, de dire quel est mon type d’humour. C’est vraiment frappant de voir à quel point ça vous prend des boîtes dans lesquelles nous mettre. Mais si tu veux une étiquette, je pense que je suis un cabotin… C’est ça, je suis le cabotin de l’humour québécois!"

Derrière son image du bouffon de la classe, qu’il alimente par de nombreux gags de circonstance, il possède un esprit libre et une vision rafraîchissante de sa profession. "Sans rigoler, c’est vrai qu’on a beaucoup tendance à catégoriser les humoristes. Celui-là fait de l’absurde, lui des observations, l’autre, c’est un imitateur. J’adore Woody Allen, qui cherche, qui ne sait pas, qui manque de confiance. Sans me comparer à lui, je suis un peu comme ça. J’ai de la difficulté à me voir dans une boîte. J’aime beaucoup avoir la liberté de douter, de questionner mes personnages et mes numéros sans être pris dans un carcan."

Parlant de recherche, les yeux de Fallu s’allument lorsqu’on le questionne sur le travail dramatique nécessaire à tout bon humoriste. "Il y a un côté très technique à l’humour dont on ne parle pas souvent. La pose de la voix et le rythme de la phrase sont super importants pour porter le punch. C’est un peu comme de la musique, il faut respecter le tempo." Le plaisir d’écouter Stéphane Fallu faire des gags réside justement dans son approche complètement libre de la chose. "J’aime déconstruire le rythme classique de l’humour. Souvent, je m’amuse à ne pas mettre de punch à la fin ou à puncher dans le silence. Ça me permet de jouer avec l’esprit du public. J’aime aussi tordre la réalité! Je conduis les spectateurs dans une piste et, d’un coup, je revire l’angle de lecture pour les amener complètement ailleurs."

Après des mois d’écriture, de mise en scène et de shows préparatoires pour tester le matériel, Stéphane Fallu est enfin prêt pour la première de son spectacle. "Dans ma carrière, j’ai fait beaucoup de radio, de télé et de shows en gang. Ça m’a permis d’accumuler du matériel dont je me sers maintenant pour raconter une histoire. Mon spectacle, c’est comme une version trash de la série des Martine… Fallu à la plage, Fallu à l’épicerie, Fallu et les cartes de crédit… À chaque histoire, je prends l’angle du gars qui assume que tout est tout croche pour aller voir sous les apparences."

Le 12 octobre
À la salle Albert-Rousseau
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