Bazooka : Un parfum de fin du monde
Scène

Bazooka : Un parfum de fin du monde

Bazooka, c’est la nouvelle production des Turcs gobeurs d’opium; une pièce que la jeune compagnie sherbrookoise a créée de A à Z.

Depuis la fondation de leur troupe en 2004, Les Turcs gobeurs d’opium ont fait leurs preuves en montant deux productions de haut calibre: La Leçon d’Eugène Ionesco (automne 2004) et Les Bâtisseurs d’empire de Boris Vian (automne 2005). Noires et dérangeantes, les deux pièces continuaient d’habiter le spectateur plusieurs heures après la représentation.

La jeune compagnie offre, dès vendredi au Théâtre Léonard-Saint-Laurent, sa première création: Bazooka, du metteur en scène André Gélineau. "La création, c’est une avenue qu’on souhaite emprunter davantage. Elle comporte une part de risque qu’on a décidé d’assumer", souligne Gélineau. L’histoire qu’il a imaginée nous plonge dans le sous-sol d’un chalet au fin fond du bois. Six amis venant du village de Sainte-Johanne-des-Calvette s’y réfugient pour éviter de contracter un virus mortel qui menace le Québec. Mais la peur du virus n’est-elle pas plus destructrice que le virus lui-même? Quoi qu’il en soit, les protagonistes vivront les 40 jours les plus aliénants de leur existence.

L’auteur et metteur en scène considère que son texte est défendu par une équipe de rêve. Toutes les personnes invitées à prendre part à l’aventure ont accepté. Sur scène, on pourra donc voir Marie-Pier Labrecque-Dubreuil, Véronique Laroche, Alexandre Leclerc, Philippe Leclerc, Marianne Roy et Simon Vincent. "Y’a des moments de performances d’acteurs incroyables. Même après une centaine de fois, ils nous surprennent encore", lance le metteur en scène. Le tubiste Jean-Philippe Dutil signe la trame sonore de la pièce. Comme pour les précédentes productions, la musique occupe une place primordiale, en devenant même un septième personnage.

S’apparentant à un conte collectif, la pièce est présentée sans décor, dans une atmosphère qui rappellerait les vieux films noir et blanc. Dans ce dépouillement, les comédiens prêtent leurs corps pour créer des effets de style. "Y’a un aspect très organique. Les comédiens deviennent le décor, ils sont au coeur de l’intrigue", observe André Gélineau. Nouvelle tête de turc, Marie-Claude Élias assiste Gélineau à la mise en scène. Avec sa formation en théâtre musical, elle a apporté une aide précieuse à la production, en coachant notamment les comédiens dans divers exercices techniques.

Comme dans les précédentes productions des Turcs, Bazooka s’intéresse à la thématique du pouvoir. "Le pouvoir est partout, observe André Gélineau. La question de l’évolution sociale passe beaucoup par la question du pouvoir, qui se trafique et se transforme très vite. C’est fascinant, ça m’inspire."

André Gélineau croit que Bazooka marquera la fin d’un cycle pour la compagnie. Pour son prochain spectacle, la troupe pourrait travailler sur le thème de la surconsommation, avec une approche plus rigolote. "Ce qui va rester des Turcs, c’est le côté piquant, l’audace. On aime bien déranger", observent André et Marie-Claude. "Ce qu’on a envie de faire avec nos spectacles, c’est que les gens y repensent après la représentation, poursuit André. On croit beaucoup au fait de ne pas donner du tout cuit."

Le 20, 21, 26, 27 et 28 octobre à 20h
Au Théâtre Léonard-Saint-Laurent
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