Go shopping [et fais le mort] : Consolation provisoire
Scène

Go shopping [et fais le mort] : Consolation provisoire

Avec Go shopping [et fais le mort], la compagnie Joe Jack et John nous rappelle que la vie est une inévitable suite de deuils.

La compagnie Joe Jack et John présente actuellement son troisième spectacle: Go shopping [et fais le mort], une collection de moments soutirés au quotidien de quatre voisins esseulés, quatre âmes en peine dans un seul et même immeuble, quatre individus contraints de composer avec la mort.

Il y a Pascal (Jean-Pascal Fournier), un jeune homme qui n’arrive même pas à prononcer le terrible mot de quatre lettres. S’il n’a jamais réussi à faire le deuil de ses fameux souliers Goldorak, il a encore plus de difficulté à accepter sa propre finalité. Il y a aussi Maria (Marina Lapina), une jeune femme qui courtise plus ou moins sérieusement la mort. Elle regrette son pays natal, sa vie d’avant, les amis qu’elle a laissés en Russie, mais si elle fouille dans un grille-pain avec un couteau ou qu’elle tente de se pendre à l’aide d’un chapelet, c’est surtout parce qu’elle espère que la mort aura plus de saveur que la vie. Jamais très loin, il y a le sympathique Marco (Marc Barakat), un jeune homme atteint d’une déficience intellectuelle. Il est peut-être un peu naïf, mais il est le seul à regarder la mort en face, le seul à essayer de lui trouver un sens, même farfelu. Puis il y a Jeanne (Élisabeth Chouvalidzé), une vieille dame qui vient d’enterrer son mari. Cette disparition, elle entraîne tout l’immeuble dans une certaine langueur, un vague à l’âme que la mise en scène de Catherine Bourgeois traduit magnifiquement. Les projections aquatiques, la musique électronique, les silences et les moments de suspension contribuent à la douceur du voyage. D’un tableau à l’autre, courts mais éloquents, on s’attache aux membres du quatuor. Les comédiens sont en parfaite harmonie avec leurs personnages, probablement parce que l’inverse est aussi vrai.

Quand Jeanne s’aperçoit qu’elle s’est mariée pour oublier l’amour de sa vie, que les 50 dernières années n’ont été qu’une consolation provisoire, elle passe à l’acte. En quittant la salle, le spectateur est inévitablement plongé dans ses propres deuils, les petits comme les grands, ceux qu’il refuse encore de vivre et ceux qu’il anticipe, déjà.

Jusqu’au 29 octobre
Au Théâtre La Chapelle
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