Le Périmètre : Tirer un trait
Scène

Le Périmètre : Tirer un trait

Avec Le Périmètre, Frédéric Blanchette décortique l’impossible réconciliation d’un homme et d’une femme.

La première longue pièce de Frédéric Blanchette nous entraîne dans un territoire miné, une zone de conflit, le lieu d’une confrontation ultime. La situation est grave. Les pots sont irrémédiablement cassés, les coeurs sont en miettes et les partenaires sont irréconciliables.

Dans un premier temps, les échanges houleux du Périmètre déclenchent le rire. Puis, les remarques deviennent grinçantes, les répliques cinglantes. Après quelques années de vie commune, l’homme et la femme ont choisi de se séparer. Seul leur jeune fils les force à garder le contact. Chaque dimanche, garde partagée oblige, les deux ex-conjoints se croisent. Si leurs tractations sont généralement cruelles – elle est aussi rationnelle qu’il est instinctif -, il arrive qu’une pointe d’humanité surgisse chez l’un ou l’autre des "adversaires". Puis, un jour, fatalement, un glissement se produit. Ce soir-là, quelques coupes de vin font ressurgir le passé, et avec lui un flot de désir impossible à contenir. C’est peut-être la première fois que David Boutin se glisse dans la peau d’un type aussi pathétique, minable et attachant à la fois. Et il le fait fort bien, sans cabotinage ni caricature. Catherine-Anne Toupin a l’habitude d’incarner des femmes puissantes et cérébrales. Ici, non seulement elle excelle dans le versant contrôlé de son personnage, mais elle dévoile une fragilité, une vulnérabilité qu’on ne lui connaissait pas. Quand elle tremble dans son pyjama de soie, on tremble avec elle. Dans le rôle plutôt effacé du nouveau chum, un spécimen beaucoup plus soigné de sa personne que son prédécesseur, Sylvain Bélanger est juste et drôle.

Bien qu’il ne soit jamais partial ou manichéen, le texte de Frédéric Blanchette ne réinvente tout de même pas le genre. Le théâtre a maintes fois tablé sur les disputes hautes en couleur de la vie de couple. Cela dit, Le Périmètre a ceci de différent qu’il décrit la situation en négatif. La vraie pièce, lucide, voire cruelle, se trouve sous les mots, souvent banals, que les protagonistes échangent, dans leurs silences, dans les phrases qu’ils laissent en suspens. Entre les lignes, c’est une véritable tragédie qui se joue.

Jusqu’au 4 novembre
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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