Les 7 doigts de la main : Un doigté fou
La compagnie Les 7 doigts de la main revient avec Traces, un spectacle dévoilant cinq jeunes artistes multidisciplinaires qui, par la danse, la musique et le jeu, nous entraînent dans un univers de cirque beau et touchant. Rencontre avec Gypsy Snider.
Réflexion poétique sur la survie, Traces s’avère un genre de "day after" où le pinceau, le piano ou le stylo valent au moins autant que l’eau et le pain. Gypsy Snider nous entretient de ce spectacle qui, aussi prêt qu’il puisse l’être, laisse toujours de la place à la recherche et à l’amélioration: "Chaque fois qu’on entre en résidence, on essaie de se rapprocher de notre vision finale, même si le spectacle est en constante évolution."
Les circassiens appellent résidence ce lieu et ce temps où ils peuvent établir un espace de jeu et travailler artistiquement un concept. À titre d’exemple, pour Loft, le précédent spectacle, ils avaient bénéficié de deux mois. "Avec Traces, on s’est permis deux mois de résidence, et tout de suite on a commencé à présenter des work in progress à Montréal ou ailleurs où, déjà, on filmait, et où l’on pouvait mesurer l’impact des numéros sur le public et s’ajuster au fil des représentations." Avec cette méthode de travail, la troupe arrive entre autres à mieux saisir ce qu’elle doit sacrifier, ou encore ce qu’il manque au spectacle. "Jusqu’à tout dernièrement, il n’y avait pas de scénographie. Aussi, on vient tout juste de changer complètement les costumes! C’est en jouant qu’on arrive à faire ça, surtout qu’on n’a pas les fonds, par exemple, des compagnies françaises qui bénéficient souvent d’un an de résidence pour la création."
Si la troupe doit se lancer rapidement sur scène, cette contrainte fait aussi le bonheur de la création et du public qui participe à l’élaboration du projet et qui est à même de constater l’évolution et le travail. "Pour nous, c’est le jour et la nuit", confie Gypsy lorsqu’on parle du spectacle qu’ils ont présenté au Corona l’an dernier, et par rapport à celui que j’ai vu cet été dans la région de Rhône-Alpes en France, elle précise: "C’est à partir de ce spectacle qu’on a réellement vu que si les cinq artistes sont talentueux et hallucinants à voir performer, il fallait tout de même travailler sur le plan de la livraison et de l’énergie du spectacle, pour qu’enfin cette création leur appartienne."
Après beaucoup de transpiration, le pari semble tenu, et Gypsy paraît très fière de la nouvelle mouture: "Je crois que le sentiment cru du spectacle est toujours le même, mais les chorégraphies et certains numéros ont beaucoup évolué, surtout du côté du jeu et de l’interprétation." Ainsi, Les 7 doigts arrivent à mieux faire passer le message qui tient dans cette idée de la reconstruction malgré les guerres et les conflits qui nous entourent. "On sent peut-être une peur constante, comme la présence d’hélicoptères au-dessus de Montréal qui nous rappelle la nouvelle réalité de notre monde, mais l’art est là…", qui poursuit la quête d’un monde meilleur et investit des territoires importants. C’est aussi ça la vie.
C.V.
Gypsy Snider tombe dans la marmite du cirque dès sa naissance à San Francisco, où elle fait ses premiers pas sous le chapiteau à l’âge de quatre ans avec le célèbre Pickle Family Circus. Fondée par ses parents, un clown et une jongleuse, la troupe fait, pour l’époque, figure de cirque alternatif car elle ne travaille pas avec des animaux. Après des études en Suisse (en théâtre) et trois ans de spectacles continuels, Gypsy se joint au Cirque du Soleil avec lequel elle tournera pendant 12 ans. Après quelques années d’enseignement du théâtre et du cirque et différentes mises en scène, elle fonde avec six artistes multidisciplinaires la compagnie Les 7 doigts de la main, qui présente maintenant Traces, spectacle que Gypsy a dirigé et chorégraphié avec un des doigts: Shana Carroll.
Dès le 25 octobre
À la TOHU
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