Nicolas Létourneau : Concurrence déloyale
Scène

Nicolas Létourneau : Concurrence déloyale

Nicolas Létourneau, qui était de la distribution d’Hollywood de David Mamet l’an dernier, nous revient dans Glengarry Glen Ross, pièce ayant valu à l’auteur son prix Pulitzer.

"J’étais avec Emmanuel Bédard et Jonathan Gagnon, et on s’est demandé ce que serait notre dream team, se souvient Nicolas Létourneau. Alors, on a sorti des noms: Robert Lepage, Jack Robitaille, etc. On s’est trouvés pas mal comiques…" Reste qu’ils ont, pour leur plus grand bonheur, réussi à convaincre Hugues Frenette et Frédéric Dubois de se joindre à l’aventure. "En fait, le dream team, c’était aussi la pièce qu’on avait envie de monter, continue-t-il. Jonathan a proposé Glengarry Glen Ross et on est tombés sous le charme. L’énergie des textes de Mamet est vraiment explosive et intéressante à jouer. Il y a le Mamet’s speak, comme on dit, un langage très spécial, où on parle un par-dessus l’autre, rapidement; c’est une gymnastique assez formidable pour un acteur." Sans compter la richesse de cette histoire, qui met en scène quatre agents immobiliers engagés, malgré eux, dans une course à la performance où tous les coups sont permis, le gagnant se méritant une BMW et les deux perdants, un renvoi immédiat. "Alors, ça donne lieu à des états assez extrêmes, observe-t-il. Un est découragé, l’autre décide d’utiliser toutes les techniques possibles pour vendre et un autre a recours au crime… Tu vois plein de côtés de l’être humain dans une situation périlleuse, c’est-à-dire que ces gens-là doivent travailler car ils ont leur famille à faire vivre." Ainsi, bien que "ça reste une pièce très comique parce que les scènes sont poussées assez loin", il admet qu’il s’agit d’un humour acidulé, puisque "c’est toujours aux dépens de quelqu’un".

Quant au jeu, ils l’ont abordé par l’intermédiaire de lectures approfondies. "Parce que c’est ce qu’il fallait démêler, explique le comédien. On doit savoir ce que la petite hésitation – et là, il y en a des milliers – veut dire. Il faut aller chercher dans le texte ce qui se passe à l’intérieur du personnage quand il parle. Il y a le stress, la tension, ce qu’il veut obtenir et la façon dont ça s’exprime dans les mots, ce qui est rarement la même chose. Aussi, ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que Frédéric a vraiment travaillé sur la vérité de l’acteur, parce que, sans ça, le reste ne pourrait pas passer." De même, la scénographie d’Amélie Trépanier, où le tableau des ventes devient une structure écrasante, symbole d’oppression, alimente leur performance. "Par exemple, il va falloir se pencher pour passer par la porte, illustre-t-il. Ce qui montre comment cette boîte de vente devient un étau et amène quelque chose de vraiment intéressant. Tu le sens physiquement: la lourdeur, l’incertitude…" Cela dit, on aura compris qu’autant l’interprétation se veut réaliste, autant la mise en scène déploie un imaginaire singulier pour intensifier ces émotions. "Normalement, du Mamet, c’est monté de façon assez classique, alors qu’ici, ce n’est pas le cas, note-t-il. Au début, on voit seulement notre visage et le haut de notre corps, et on ne joue pas un en face de l’autre. C’est vraiment spécial et ça doit donner quelque chose de super intéressant parce que, comme on focalise sur les visages, on voit toute l’intériorité. J’avoue que c’est un peu plus complexe, mais je trouve ça l’fun parce que ça nous pousse à aller plus loin." Comme quoi l’esprit devrait être à la découverte, même pour ceux qui ont déjà vu la pièce.

Du 24 octobre au 11 novembre
À Premier Acte
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