Patrick Lacombe : L’ombre de la guillotine
Patrick Lacombe signe le texte et la mise en scène de La Mort d’un révolutionnaire, en plus d’y jouer.
"Quand je cherche quelque chose et que je ne le trouve pas, je m’assois et j’écris des affaires. Mais je n’écris pas pour être joué. Je n’écrirais pas des romans; je ne suis pas un auteur!" lance Patrick Lacombe, questionné à propos de sa pièce La Mort d’un révolutionnaire.
C’est en réaction à un bouleversant voyage en Turquie que l’homme de théâtre a écrit les premières lignes de La Mort d’un révolutionnaire, il y a près de cinq ans. "On avait frôlé la frontière kurde entre l’Irak et la Turquie. Il y avait des gens qui ne mouraient pas de faim… sans doute parce qu’ils ne voulaient pas mourir devant nous. Et le guide que j’avais ne voulait pas aller là. Il avait peur de se faire égorger. Les Kurdes, pour eux (les Turcs), ça n’existait pas. Ils étaient complètement sortis de leur tête. Ils étaient complètement évacués de l’histoire, complètement évacués du monde. Ça, ça m’avait troublé beaucoup. Ces gens-là sont des révolutionnaires. On l’a vu quand les Américains sont arrivés en Irak", se souvient-il.
De retour au pays, Lacombe se penche sur la révolution et sur ses conséquences. "Ça me tentait de parler de ça parce qu’on en vit plein. C’est une roue qui tourne. Et depuis quelques années, on n’était plus habitués à ça. Tu vois, ici, il y a eu le FLQ, les patriotes… Il y en a partout tout le temps, des révolutions, et on n’en parle jamais!" s’exclame-t-il. Ses réflexions et ses interrogations, il les place dans la bouche de Georges Danton, coloré orateur de la Révolution française, au lendemain du procès où il a été condamné à la guillotine, et dans celle d’un jeune garçon (Jean-Daniel Lamy, Les Invincibles). "J’ai voulu faire un texte qui s’écoute bien, qui se regarde bien. À la limite, je pense que ça pourrait être mis en lecture. Ce n’est pas lourd. On traite de la peine de mort, remarque, mais vis-à-vis d’un condamné. Ça parle de la peine de mort et de la révolution, mais de toutes les révolutions. Ce n’est pas du tout axé sur la Révolution française. […] Il y a un drame, la mort. Mais on en parle plus que de le voir. Ce n’est pas du "pitchage" de tripes. Les gens vont plus vivre une expérience théâtrale", avertit son auteur.
Comme Patrick Lacombe mord à pleines dents dans le théâtre classique, on peut se questionner sur les raisons qui l’ont motivé à monter l’un de ses propres textes. Il répond que cette production lui a, entre autres, servi à donner des ateliers de théâtre à Jean-Daniel Lamy, un comédien de 13 ans dont le talent l’impressionne.
Du 2 au 18 novembre
Au Studio Théâtre
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