Les Ballets C. de la B. : Le commerce des âmes
Scène

Les Ballets C. de la B. : Le commerce des âmes

Les Ballets C. de la B. reviennent en force avec de la musique live et 11 personnes sur scène pour parler d’impuissance dans Import/Export. Une première mondiale très attendue.

On se souvient de l’extrême sensibilité de bâche, pièce 100 % masculine dont Koen Augustijnen, l’un des cinq chorégraphes-directeurs artistiques du collectif artistique Les Ballets C. de la B., nous avait gratifiés en 2004. On se souvient de l’étrange et étonnante présence du haute-contre Steve Dugardin et du pianiste Guy Van Nueten, aussi auteur-compositeur. Ils exploraient la peur; les voilà qui reviennent avec un spectacle un peu plus sombre pour sonder l’impuissance. "Sur scène, les gens n’arrivent pas à faire ce qu’ils veulent", explique Koen Augustijnen, joint par téléphone en Belgique au lendemain du premier filage avec public. "On a essayé de traduire physiquement l’impuissance et parfois, c’est même littéral: un danseur-acrobate est sur des béquilles parce qu’il a eu un accident pendant les répétitions et qu’il a dû être opéré."

Milan Szypura, l’interprète en question, a été heureux qu’on lui demande d’adapter ses interventions et de trouver son chemin dans le spectacle plutôt que de quitter la production. L’anecdote donne une idée de l’esprit qui règne au sein des Ballets C. de la B., où les notions d’humanité et de créativité ont primauté absolue sur toute convention ou règle préétablie. Dans le même ordre d’idées, le chorégraphe préfère se donner le titre de concepteur-metteur en scène. "Je donne beaucoup d’espace aux interprètes et j’utilise beaucoup de matériel qu’ils ont créé, commente-t-il. Bien sûr, je les dirige, je mets de l’ordre dans ce qu’ils proposent, j’enlève des choses, je fais des suggestions et je donne aussi du matériel, mais ils sont des coauteurs. En fait, on ne pense pas tellement à la définition de ce qu’on fait…"

La multidisciplinarité est ce qui qualifie le plus sûrement le travail du Flamand. Cette fois, ses acrobates-danseurs-comédiens et lui-même partagent la scène avec les musiciennes du Kirke quatuor à cordes et le chanteur Steve Dugardin. Mieux intégré dans les chorégraphies que dans la création précédente, il interprète des chansons baroques françaises que Guy Van Nueten a retravaillées en y mêlant de la musique électronique contemporaine. Et pour favoriser cohésion et cohérence dans cet univers aux influences multiples, Koen Augustijnen a fait appel une fois de plus au dramaturge belge Guy Cools, venu assurer la direction artistique de la Fondation Jean-Pierre Perreault peu avant qu’elle ne ferme ses portes. "Il intervient à divers moments de la création, explique le concepteur. Il est très présent aux premières improvisations pour voir comment le groupe fonctionne et sentir dans quelle direction ça peut aller. Il revient ponctuellement et il est de nouveau très présent le dernier mois. Quand il n’est vraiment pas d’accord, c’est un feu rouge pour moi: je sais que je dois repenser à ce que j’ai fait parce qu’il connaît très bien mes intentions."

Import/Export s’annonce dure et belle à la fois, intense physiquement et émotionnellement. Montée en quatre mois et demi, la pièce dure une heure quarante et elle nous est offerte en primeur avant d’être présentée en Europe.

Du 14 au 18 novembre
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
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