Petronella van Dijk, Danielle Tremblay : Guerre et paix

Le 11 septembre 2001, Petronella van Dijk a senti un déclic. Celui de raconter les blessures engendrées par la guerre. Même si elle continue de conter du rêve et du merveilleux, elle a tranquillement monté un spectacle de contes intitulé Récits de guerre, mais de paix, avec sa complice Danielle Tremblay. "J’ai vraiment besoin de parler de ça, de la détresse, de la violence, du désespoir, de ce qu’on oublie."

Alors que Petronella van Dijk conte, Danielle Tremblay ponctue le spectacle de chants tantôt doux, tantôt emportés. "Ajouter ces chants nous aide à passer au travers des récits, ou plutôt à les entendre autrement. Ça n’enlève pas la dureté, mais ça permet de les entendre avec une douceur qui les accentue", constate Petronella van Dijk, qui s’estime choyée que Danielle Tremblay ait composé une aussi jolie musique sur ses récits.

Le spectacle se divise en trois parties. La première est occupée par un conte de Guy de Maupassant qui parle de la guerre de 1870 avec les Prussiens. C’est l’histoire d’une femme qui, dans un petit village, doit accueillir trois Prussiens. Lorsqu’elle apprend la mort de son fils soldat, sa détresse l’amènera à faire des gestes irréversibles. La deuxième partie nous donne à entendre des lettres d’un soldat qui a véritablement participé à la Première Guerre mondiale. Dans ces écrits adressés à sa mère, le jeune homme constate la terrible indifférence de ceux qui ne se battent pas au front. Les trois missives proviennent des lettres de Poilus publiées chez Folio. "J’ai choisi ces lettres à cause du cheminement de ce jeune homme assez lucide", souligne Petronella van Dijk. Le spectacle se termine avec un récit tout personnel. La conteuse parle de son père, soldat lors de la Seconde Guerre mondiale. "Mon père n’a jamais parlé de la guerre, mais on a toujours senti, dans notre famille, ce silence terriblement souffrant." Ce dernier récit, la directrice des Productions Littorale ne l’a pas encore mis sur papier, ce qui l’enchante. "Je suis contente de pouvoir faire partie de cette lignée de conteurs qui créent des récits qui ne passent pas nécessairement par l’écriture", observe-t-elle, rappelant que le conte provient de la tradition orale.

Petronella van Dijk et Danielle Tremblay travaillent à ce spectacle depuis janvier. Elles n’ont pas hésité à se faire diriger par la femme de théâtre Jacinthe Tremblay et par la coach de voix Suzanne Lafontaine, venues leur prodiguer de précieux conseils pour peaufiner leur prestation. Leurs efforts portent leurs fruits puisqu’elles ont été invitées à présenter leur spectacle au Centre national des arts d’Ottawa au printemps.

Le 11 novembre à 20h
Salle de Littorale
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