Silence en coulisses! : L’envers du décor
Avec Silence en coulisses!, l’équipe du Théâtre du Trillium s’en prend à un genre qui en décompose un autre. Détricotage serré…
La pièce Noises Off! de Michael Frayn a été créée en 1982 et a depuis été jouée un peu partout, y compris sur Broadway. On y consacrait aussi un film en 1992 avec l’acteur Michael Caine. C’est que la machine, bien huilée, ne s’use pas. Qui n’a pas déjà rêvé de voir l’envers du décor d’une grande production, de couper la salle de théâtre en deux, comme quand on ouvre une maison de poupée pour regarder ce que font les comédiens une fois qu’ils gagnent les coulisses et puis les loges? C’est le programme que propose Silence en coulisses! composé de trois actes, qui se détaillent comme suit: au premier acte, c’est la veille de la grande première d’un vulgaire vaudeville, et rien ne va plus pour les huit comédiens et le metteur en scène; au deuxième acte, le bouillonnement, et le drame, des coulisses est dévoilé, alors qu’au troisième acte, c’est la dernière représentation de la pièce avec ses péripéties, sa confusion et son désordre!
"C’est un comique de situations. Les portes ouvrent et se ferment! Les personnages se croient seuls, mais ils sont huit dans la maison, et ça prend un certain temps avant qu’ils se croisent… Des fois, ça fait presque téléréalité parce que tu es témoin… Les acteurs arrêtent de jouer!" raconte la directrice artistique du Théâtre du Trillium et metteure en scène, Sylvie Dufour. Celle-ci aimait le défi technique et logistique qu’imposait cet exercice de style. Cela donnait suite au travail entamé avec son laboratoire de mise en scène de l’an dernier, qui mettait de l’avant le Grand Guignol, et à son travail sur la forme. "C’est un bel exercice pour les comédiens qui ne sont plus habitués à ce genre-là, avec tout ce que ça impose comme rythme, comme discipline. C’est du vaudeville, alors on s’amuse et on rit. Des fois, je ne sais plus trop où est le début et la fin, la poule ou l’oeuf… On répétait une scène à un moment et on avait tellement de la misère avec la boîte de sardines, les accessoires, les déplacements, les portes! Et c’est ça la pièce!" clame-t-elle en rigolant.
Elle a aussi fait appel à des comédiens chevronnés, ayant travaillé un peu partout dans la région, tels que Richard Bénard, Nathaly Charrette, Benjamin Gaillard, Stéphane Guertin, Geneviève Lefebvre, Chanda Legroulx, Marc Marans, Stéphanie Kym Tougas ainsi que le doyen, et non le moindre, Gilles Provost. Chose cocasse, lorsque les comédiens prennent le rôle des "comédiens dans la pièce", ils récupèrent leur propre nom, ce qui peut mener à bien des interprétations. "Mon personnage est un vieux comédien qui n’a pas joué depuis longtemps… Par gentillesse, la productrice lui a offert un rôle lui convenant, un peu par reconnaissance. Il leur fallait une vedette! Mais le Gilles Provost que j’incarne est un alcoolique! Alors, je vais tenir une conférence de presse à la fin des représentations pour clarifier la situation: je me retire dans deux ans, ce n’est pas un problème d’alcool, ni de mémoire!" rigole le directeur artistique du Théâtre de l’Île de Gatineau, enchanté de prendre part au projet. "J’aime beaucoup cette pièce, je l’ai vue à plusieurs reprises, à Londres, à Paris et je voulais vivre ça avec la gang", relate le comédien, qui compare la pièce à un "Feydeau à la moderne".
Jusqu’au 18 novembre à 20h
À La Nouvelle Scène
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