La Mémoire de l'eau : Retour aux sources
Scène

La Mémoire de l’eau : Retour aux sources

Dans La Mémoire de l’eau, Chantal Caron rend hommage au fleuve qui a façonné sa vie et sa danse. Entrevue avec une nouvelle chorégraphe de 46 ans…

"C’est un parcours complètement débile, à l’envers de tout le monde", lance Chantal Caron, faisant référence au fait qu’elle entreprend une seconde carrière de danseuse à un âge où tant d’autres y mettent fin.

Après avoir dansé pour Louise Lapierre dans les années 80, Chantal Caron laisse tomber Montréal, la danse jazz et son glamour et, à 26 ans, elle rentre à Saint-Jean-Port-Joli pour fonder son école de danse. Ce n’est qu’en 2001, à l’âge de 41 ans, qu’elle renoue avec l’interprétation lorsqu’elle accepte de remplacer à pied levé Marie-France Rousseau dans Euphémia. "Quand j’ai retouché à la scène, ça a fait des étincelles, se souvient-elle. À cette époque-là, j’avais déjà le goût de me rapprocher de la danse contemporaine par désir de me réaliser." Ensuite, tout s’enchaîne rapidement. Elle obtient des bourses de perfectionnement, puis elle fonde sa propre compagnie, Fleuve – Espace danse, pour laquelle elle crée La Baigneuse, une pièce pour six interprètes présentée au Festival des chants marins de Saint-Jean-Port-Joli de 2006.

La Mémoire de l’eau est son premier spectacle solo. "Je suis surprise parce que je suis plus en forme, là, à 46 ans, qu’à 26 ans", dit cette mère de quatre enfants au physique athlétique. "Le corps a des possibilités extraordinaires." Il faut dire que la natation et le judo ajoutés à l’enseignement de la danse l’ont gardée en forme.

Fortement autobiographique, La Mémoire de l’eau comporte quatre tableaux, un par saison, dont la gestuelle est directement inspirée de ce fleuve Saint-Laurent qui a accompagné la vie de Chantal Caron. "C’est un environnement fascinant, s’exclame la chorégraphe. Ça change tout le temps. Des fois, c’est terrifiant parce qu’il vente énormément. D’autres fois, c’est la lumière qui est indescriptible… Quand j’étais petite, on était inondés d’eau à tous les printemps et j’avais vraiment peur que la maison parte dans l’eau. L’été, c’était mon terrain de jeu. L’hiver avec les glaces, ça craquait, j’entendais ça dans ma chambre et je me suis toujours imaginé qu’il y avait des monstres en dessous. Et puis je me suis confiée beaucoup au fleuve quand j’avais de la peine ou que je cherchais ma voie."

Ainsi, avec La Mémoire de l’eau, Chantal Caron fait la paix avec son coin de pays. Aujourd’hui, elle apprécie les grands espaces de Saint-Jean-Port-Joli si propices à la création en danse. Pourtant, elle a beaucoup pesté contre cet endroit lorsqu’elle était enfant et qu’aucune école ne lui permettait de réaliser son potentiel de danseuse. Mais depuis 20 ans maintenant, son école permet aux enfants du coin d’avoir accès à une formation en danse complète. Ses propres enfants n’auront donc pas à s’expatrier comme elle pour pouvoir goûter aux joies de la danse.

Du 16 au 25 novembre
Au Nouveau Studio de La Rotonde
Voir calendrier Danse