Alexia Bürger : Je me souviens
Scène

Alexia Bürger : Je me souviens

Alexia Bürger met en scène, avec la complicité de la chorégraphe Lin Sneling, la plus récente pièce de Fanny Britt: Showdown.

La comédienne Alexia Bürger se lance pour la première fois dans l’aventure de la mise en scène. Elle dirige, avec la complicité de la chorégraphe Lin Sneling, la première création de la compagnie Docteur Fröbel. Il s’agit de Showdown, le plus récent texte de Fanny Britt, cette jeune dramaturge à qui l’on doit Couche avec moi (c’est l’hiver), une pièce créée il y a peu, et avec beaucoup de succès, par le Théâtre PàP et le Théâtre de la Bordée.

Showdown, c’est d’abord le titre d’un poème, un texte lapidaire où l’écrivain allemand Heiner Müller aborde, une fois de plus, le pouvoir des médias. Alexia Bürger explique que c’est dans ces quelques phrases que le projet trouve sa genèse: "Le texte de Müller a servi d’assise à une résidence de création. Il y est question d’un bourreau et d’une victime. On y parle de narcissisme, de voyeurisme et de mimétisme, de la manière dont on devient presque ce que l’on voit. On s’est tout particulièrement intéressé à l’amnésie, à la manière dont le passé est, dans notre société, sans cesse remplacé par un présent éternel."

Au fil des improvisations, le véritable sujet du spectacle se précise. En 14 tableaux, alliage de danse et de théâtre, Showdown interrogera les liens pernicieux qu’entretiennent médias et réalité, réfléchira, à voix haute, sur la mémoire et l’empathie: "Je suis tombé sur un article à propos d’une découverte scientifique: les neurones miroirs. On y expliquait que lorsqu’on voit quelqu’un vivre une émotion, des neurones du cortex préfrontal s’activent de la même manière que lorsqu’on ressent soi-même cette émotion. Une empathie physiologique que j’ai tout de suite eu envie d’aborder dans le spectacle."

Très rapidement, le besoin d’une auteure se fait sentir: "Nous avons eu besoin de Fanny pour ancrer nos idées et nos personnages dans une trame concrète." Cette histoire, c’est celle d’une amnésique (Ginette Morin), une femme qui témoigne d’un drame qui n’est peut-être pas le sien. Il s’agit probablement d’un fait divers, quelque chose qu’elle a vu à la télévision. Autour de l’héroïne, il y a une reporter (Dominique Leclerc), une morte (Nadine Sures) et sa soeur jumelle (Sarah Wendt), des personnages qui ajoutent leur grain de sel dans un affrontement entre l’intime et le public. Toutes les quatre s’expriment avec les mots de Fanny Britt, une langue concrète et détaillée, et les mouvements de Lin Snelling, un discours qui jouit d’une très grande liberté formelle. Yan Lee Chan est aux éclairages, Amir Amiri à la musique originale, Véronique Bertrand aux costumes et Michel-Antoine Castonguay au montage sonore et vidéo. "Le spectacle est le fruit d’une rencontre extrêmement risquée entre le français et l’anglais, le théâtre et la danse, des artistes débutants et chevronnés d’horizons très différents. C’est un choc très intéressant! Pour moi, c’est une école d’une richesse absolue."

Du 30 novembre au 9 décembre
Au Théâtre La Chapelle
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