Le Théâtre de la Pacotille : La science des rêves
Scène

Le Théâtre de la Pacotille : La science des rêves

Le Théâtre de la Pacotille plonge une fois encore dans l’univers onirique et décalé d’Hervé Blutsch. Écho.

En présentant Marie-Clothilde et Méhari et Adrien, deux courtes pièces d’Hervé Blutsch, un auteur français né en 1967 et qui fut successivement professeur en Indonésie et en Argentine, commerçant à Madrid, restaurateur à Tolède et fondateur d’une société de shampooings bio à Genève, le metteur en scène Gaétan Paré et le Théâtre de la Pacotille nous invitent à entrer dans un univers où les dialogues et les situations semblent tout droit sortis d’un rêve.

Dans Marie-Clothilde, Aventure conjugale énigmatique, Christian-Bernard (Jonathan Michaud) entretient une relation passionnée avec Marie-Clothilde (Josianne Dicaire, à l’immobilité impressionnante) qui ne semble pourtant pas plus réelle qu’une poupée gonflable. Réduite à l’état d’objet du désir, elle se laisse quitter sans broncher, écoute en clignant sagement des yeux, ne proteste pas quand on la cache dans un placard et reprend sa place au salon sans exprimer la moindre émotion. La pièce oscille sans cesse entre l’absurde et l’humour noir, rappelant au spectateur ces nouvelles sombres et mystérieuses qui gardent jalousement leurs secrets jusqu’à leur dernière ligne, poussant le lecteur à s’interroger sans cesse sans jamais découvrir le fin mot de l’histoire.

Dans Méhari et Adrien, Ballade pour deux personnages et un side-car, on découvre un couple d’adolescents en quête d’absolu et de liberté dont la fureur de vivre se heurte brutalement au monde réel lorsque leur side-car entre en collision avec une voiture sur une route isolée. Dans cet univers onirique peuplé de fantômes, de souvenirs et de cauchemars, les acteurs Bénédicte Décary et Sébastien Dodge, amoureux magnifiques et lumineux de tendresse, s’amusent sans cesse avec le spectateur, nous entraînant aux frontières du rêve pour voir l’envers du décor, un peu à la manière d’enfants qui jouent à faire "comme si…" sans jamais perdre de vue le monde réel.

On sort de la représentation la tête remplie d’interrogations farfelues, ravi de la performance de ces jeunes acteurs, impeccables malgré le petit budget de la production, mais un peu étourdi par cette plongée dans les eaux troubles de l’inconscient!

Jusqu’au 25 novembre
À l’Espace Geordie
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À voir si vous aimez
Le film La Science des rêves de Michel Gondry
Le recueil de nouvelles Un jour rêvé pour le poisson-banane de Jerome David Salinger