Discours de la méthode : Les grands esprits se rencontrent
Scène

Discours de la méthode : Les grands esprits se rencontrent

Avec son Discours de la méthode, le Théâtre du Sous-Marin Jaune provoque le rire aussi bien que la réflexion.

Après Candide, le conte philosophique de Voltaire, et La Bible, le "roman" fondateur du christianisme, l’irrévérencieux Théâtre du Sous-Marin Jaune s’attaque au Discours de la méthode, pierre d’assise de la pensée du philosophe français René Descartes (1596-1650). Puisqu’en art comme en science, l’invention naît du doute, il fallait bien qu’un jour ou l’autre, le Loup Bleu, une marionnette assez perspicace pour qu’on lui confie la fonction de directeur artistique, croise le fer avec Descartes, un homme dont le destin fut aussi original que les idées.

De tous les genres, les superbes marionnettes de Claudia Gendreau et Julie Morel évoluent dans l’environnement astucieux de Christian Fontaine. À partir d’une trentaine de boîtes en carton, on évoque les villes et les époques. Jacques Laroche, Guy Daniel Tremblay, Dominique Marier et Antoine Laprise donnent beaucoup de truculence à leurs multiples personnages. Il y a bien sûr le Loup Bleu et Descartes, mais on rencontre aussi le moine Mersenne, la princesse Elisabeth, la petite Francine et cette chère Marie Patch, sculpturale marionnette médiatique. Pour incarner des protagonistes aussi contrastés, on emprunte aux esthétiques les plus diverses: cubisme, expressionnisme, bande dessinée, etc. Le tableau est bigarré et anachronique à souhait. Les marionnettes illustrent, par leur nature même, les réflexions métaphysiques de Descartes. Quand on oppose l’âme et le corps, l’homme et l’animal, autrement dit quand on se demande si l’existence précède ou non la pensée, quoi de mieux que d’engager le Loup Bleu, à la fois animal et marionnette, pour faire enquête?

Rigoureusement réglée par Antoine Laprise, la représentation expose les principes de la scolastique, de l’héliocentrisme, du dualisme… mais également ceux du théâtre, du chanvre, de la liberté et de la passion. À la fin du spectacle, le Loup Bleu affirme que Descartes nous a ouvert la voie, que si nous sommes là, aujourd’hui, c’est parce que le penseur nous a rêvés. Une chose est certaine, l’imaginaire souverain de Descartes bat, très distinctement, dans la troisième création du Sous-Marin Jaune.

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Jusqu’au 9 décembre
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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