Normand Marcy : Tigre et dragons
Scène

Normand Marcy : Tigre et dragons

Normand Marcy s’entoure de huit danseuses, d’une V.J. et d’un compositeur live pour partir en quête de l’animalité. Le collectif s’appelle BANG! de brut… et ça déménage.

Twelve Naked Gueules. Ce titre vient de l’expression "figures d’indomptables", que le philosophe Gilles Deleuze a employée pour décrire la peinture de Francis Bacon, source d’inspiration pour l’artiste multidisciplinaire Normand Marcy. "On dirait que ses personnages sont défigurés par des forces extérieures que j’essaie également d’aller chercher dans mon travail, commente le jeune homme. Il y a aussi dans ses portraits une animalité qui m’intéresse."

En parfaite résonance avec son époque, Normand Marcy inscrit le corps dans la dynamique des réseaux et des nouvelles technologies. Dans sa nouvelle création, les images de VJ Beewoo et les sons de Stéphane Boulanger sont en interaction avec les corps des interprètes. Car il s’agit de faire rimer modernité avec humanité. De briser les conventions habituelles de l’art chorégraphique en commençant par libérer le corps dansant de la verticalité. "J’ai 10 ans de judo derrière moi et je m’inspire beaucoup de la philosophie orientale du mouvement, explique Normand Marcy. Par exemple, le passage de l’horizontale à la verticale est conçu comme un mouvement sans rupture dans un seul déploiement d’énergie."

En opposition franche avec l’image de la ballerine sur pointes ou de la femme sur talons aiguilles, il a exploré un territoire peu fréquenté de la féminité: celui de l’enracinement profond et de la force yang. "Je voulais aller chercher l’animalité de la femme, ce qu’elle a de plus viscéral, poursuit le chorégraphe. Je voulais retrouver ce que j’ai ressenti quand la mère de mon fils a accouché: j’ai vu toute la puissance du monde en un seul instant. Un miracle, un moment d’éternité."

Cette sublime incarnation du vivant, Normand Marcy en cherche aussi les traces dans son environnement en conjuguant le besoin de se connecter au monde extérieur avec le désir d’enrichir le mouvement d’autres types de langages. "Pour éviter que l’image ne vole la vedette, il faut une thématique, affirme le créateur. Cette fois, c’est la chair. J’ai travaillé l’animalité dans le rapport au sol et à la gravité, et j’ai demandé à la V.J. d’aller chercher des images où l’on retrouverait la chair des bâtiments, des véhicules, de tout notre environnement matériel…"

Tandis que Normand Marcy explore les extensions de l’humain dans les structures qui l’entourent, Suzanne Miller, la chorégraphe avec qui il partage la soirée, danse dans un "lieu inconnu et indescriptible entre deux espaces". Un programme qui s’annonce délicieusement déroutant.

Du 7 au 10 décembre
À Tangente
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