Vincent Magnat : À livre ouvert
Scène

Vincent Magnat : À livre ouvert

Vincent Magnat nous invite à suivre sur scène le célèbre narrateur créé par Daniel Pennac. Rencontre avec l’acteur.

"Ce que j’aime dans le théâtre, raconte d’entrée de jeu Vincent Magnat, c’est quand le texte est solide, quand il y a une parole, une écriture, mais un propos aussi! J’aime quand toutes ces caractéristiques se chevauchent et Monsieur Malaussène au théâtre en est un très bon exemple. C’est bien écrit, et en même temps, il y a une réflexion sur les relations humaines, c’est riche en émotions mais en actions aussi." Cette pièce lui semblait donc un choix judicieux pour démarrer sa compagnie, le Théâtre Galiléo, qui se concentrera sur des textes à forte teneur littéraire, faisant la lumière sur des thématiques sociales actuelles.

Lorsqu’on compare sa démarche avec d’autres compagnies qui tendent aussi vers le littéraire, Magnat précise: "J’aime qu’il y ait une pensée, mais j’aime aussi qu’on me raconte une histoire, que ce soit vivant, qu’il y ait un équilibre entre une émotion, un récit et une pensée." La recherche formelle et intellectuelle est moins à l’avant-plan pour lui que l’aspect engagé et engageant du théâtre. Magnat, qui livrait l’an dernier une performance remarquable dans le Ferdydurke du Pospero, présentera maintenant d’autres facettes de l’interprétation, la salle intime du Prospero permettant cela: "Le texte est tellement dense qu’il nécessite surtout un jeu subtil."

"Avec Marc Béland, qui assure la mise en scène, on a choisi une approche assez minimaliste, épurée, pour laisser la place au texte", poursuit-il. Plus d’une dizaine de personnages sont soit évoqués, soit incarnés, et toujours dans la perspective où ils arrivent aux spectateurs par le biais d’un conteur, Malaussène, qui, lui, est incarné. "Il fallait trouver l’équilibre entre ce qui est narré et ce qui est interprété. On passe du conteur qui parle au public au personnage qui relit son affaire: le quatrième mur vient et repart."

Le changement entre chaque personnage est subtil et très rapide: "Parfois, il ne s’agit que d’une inflexion de voix. Souvent, là où il y a plein de personnages, c’est le conteur qui prend le relais." Béland, qui jouait un solo dans Visage retrouvé de Mouawad, était tout désigné pour diriger le comédien. "Le problème n’est pas tellement d’être seul sur scène ou d’apprendre tout le texte, mais bien d’être l’unique moteur de l’action. Je dois nécessairement créer moi-même les ruptures, les changements, et je dois toujours relancer l’action." Magnat doit donc également s’assurer d’un certain rythme. "Le texte de Pennac est très vivant et dynamique. Ce qui est porteur, mais il faut être capable d’habiter ce texte dense tout en le gardant en vie et en y laissant des plages de silence pour que le public puisse respirer et assimiler toute la matière."

Au-delà des considérations techniques, c’est le fait de retrouver des réflexions sur la paternité et les doutes qui s’y rattachent dans du théâtre, et de manière si justement écrite, "sans que ce soit mièvre", qui l’a beaucoup interpellé. Ajoutons à cela l’humour et le côté coloré (je dois rappeler que Malaussène est enceint!) de Pennac, et la soirée ne risque pas d’être ennuyante!

Jusqu’au 16 décembre
À la Salle intime du Théâtre Prospero
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