Bas-reliefs : Le petit musée de Marie-Josée
Bas-reliefs réunit une dizaine d’artistes dans une oeuvre multidisciplinaire inspirée de la peintre montréalaise Betty Goodwin. Une démarche ambitieuse soutenue par une belle brochette de talents.
Bien qu’elle occupe la scène artistique depuis 26 ans, la Montréalaise Marie-Josée Chartier est moins connue ici qu’à Toronto où elle est établie. Initialement danseuse et chorégraphe, la dame a plus d’une corde à son art: elle chante aussi et s’est lancée récemment dans la mise en scène pour la musique et l’opéra contemporain. Créatrice pluridisciplinaire de plus de 25 oeuvres chorégraphiques, elle puise son inspiration dans les arts visuels. "Le côté abstrait de l’art contemporain me donne beaucoup d’informations sur la composition, affirme-t-elle. Quand j’ai des idées de pièces, ce qui me vient presque toujours en premier, c’est le concept visuel: le lieu, l’éclairage, le type de personnalité et de look que je voudrais avoir pour les danseurs, et l’atmosphère générale."
Quand la compagnie Danse-Cité lui a donné carte blanche pour son volet "Traces interprètes", elle a tout naturellement décidé de prendre pour la quatrième fois l’oeuvre de Betty Goodwin comme déclencheur et tremplin de cette création dont elle est conceptrice, directrice artistique et interprète. "J’avais surtout travaillé sur les images très spécifiques des silhouettes qu’on trouve dans ses peintures, explique Marie-Josée Chartier. Mais c’était vraiment juste un début. Ses toiles sont pleines de mouvements, de tensions, de déséquilibres… J’avais envie de continuer l’exploration et d’offrir ce défi-là à toute une équipe."
Elle commence donc par se trouver un partenaire de scène, Dan Wild, qui a dansé pendant 10 ans au sein des Winnipeg Contemporary Dancers et qu’elle a déjà dirigé. Désireuse de présenter un diptyque, elle choisit deux artistes avec qui elle n’a encore jamais travaillé pour orchestrer les chorégraphies et elle leur offre à chacun une collaboration avec un compositeur. Ginette Laurin, célèbre chorégraphe de la compagnie O Vertigo, est associée à Alexander MacSween, tandis que Gaétan Leboeuf assure la composition musicale de la seconde "oeuvre de mouvement" que signe Guillaume Bernardi, metteur en scène torontois chevronné.
"La plus grande différence entre les deux tableaux, c’est le style de la gestuelle, constate Marie-Josée Chartier. Ginette nous a donné du matériel précis, tandis qu’avec Bernard, on a travaillé surtout en improvisation à partir de ses suggestions. Il avait une sorte de trame plus narrative et on peut avoir l’impression de voir des personnages dans son travail. Mais comme le thème était commun, il y a de très, très belles résonances d’une pièce à l’autre et il y a eu des coïncidences assez magiques."
Le thème commun, c’est celui de l’eau et de la mémoire du corps. Il s’est naturellement dégagé des conversations de groupe que les artistes ont eues après s’être laissé inspirer chacun de leur côté par des oeuvres de Betty Goodwin. Dans la scénographie et les costumes conçus par Julie Fox, on trouve des cloisons en forme de canevas peints à la main, un tremplin évoquant la série Swimmers et des vestes en clin d’oeil à certaines gravures. Quant aux éclairages de Lucie Bazzo et aux images réalisées par le cinéaste Peter Mettler et son assistant Jeremy Mimnagh, ils viennent parfaire cette oeuvre d’art hybride et intrigante.
Du 6 au 16 décembre
À l’Espace Libre
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L’art visuel contemporain en général
La poésie
Le documentaire Manufactured Landscapes, sur le photographe Edward Burtynsky (dès le 15 décembre à Ex-Centris)