Cabaret de la fausse représentation : Public cible
Scène

Cabaret de la fausse représentation : Public cible

Avec son Cabaret de la fausse représentation, la Troupe du général Bol s’enlise dans une périlleuse tranchée. Une création aux multiples fronts, où le public est la cible principale.

Écrit par Michel Leduc et Bill Diderot, le Cabaret de la fausse représentation est l’imbrication d’une dizaine de saynètes dont le leitmotiv est la participation des spectateurs. Sur ce plan, la mission est accomplie, l’interaction scène/auditoire étant le point fort du cabaret.

Que ce soit le politicien à la langue de bois qui fait du porte-à-porte, les deux universitaires qui discutent "savamment" de leur thèse ou encore Dracula sur le plateau d’une émission de télévision, les sketchs s’enchaînent au gré des applaudissements. De temps à autre, un maître de cérémonie (Frédérik Zacharek) s’adresse aux spectateurs, leur expliquant le rôle qu’ils se doivent de jouer.

L’exercice mène à des moments ludiques. Certains spectateurs ont carrément envie de voler la vedette, avec leurs commentaires à voix haute et leurs protestations sympathiques. Il en découle de l’improvisation de la part des acteurs, ce qui rend la chose vive et active. Nul doute, ce concept assure l’unicité de chaque représentation. Si quelques scènes portent à une telle interaction, d’autres demeurent plutôt conventionnelles. Cette inégalité n’est pas un défaut en soi, puisqu’elle déstabilise le spectateur.

Là où le déséquilibre dérange, c’est dans la qualité des scènes. La pièce commence en force mais la vague redescend vite. Trop de directions sont prises. On aurait aimé moins de sketchs, quitte à se concentrer sur certains, vraiment excellents, comme celui du voleur de banque joué dans divers styles.

Les acteurs, eux, s’amusent et sont spontanés. Ils offrent plusieurs séances de rire collectif, très agréables. Amélie Prévost est admirable et sait nuancer ses différents personnages avec grand talent. Le jeu de Johnny Forget Jr se démarque par sa conscience assidue de l’exercice d’interaction. L’agitation dans le parterre cause par ailleurs quelques décrochages (accidentels ou prévus?) qui sont un brin incommodants. On se croit parfois à une répétition.

Un laboratoire qui demeure sympathique et intéressant. Il y a là les germes d’un renouvellement qui ne peut nuire au théâtre.

Jusqu’au 16 décembre
À l’Espace Geordie
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