Claude Prégent : Sauter la clôture
Claude Prégent est en vedette dans la pièce Le dernier don Juan, écrite en 1969 par l’auteur américain Neil Simon.
La dernière fois que cette comédie romantique a été montée au Théâtre Jean-Duceppe, c’était il y a 30 ans. Le regretté Roger Lebel y incarnait le rôle principal. C’est à cette occasion que Claude Prégent – alors dans la vingtaine – a découvert la pièce et qu’il a ressenti l’envie de la jouer un jour ou l’autre, au cours de sa carrière. Il y a 15 ans, il a exprimé ce désir à la metteure en scène Monique Duceppe. Et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde!
TRAGICOMÉDIE
Sous la houlette de cette dernière, Prégent chausse aujourd’hui les souliers de Roger Lebel et interprète Bernard, un homme dans la cinquantaine qui, dans les années 70, vit une période intense de remise en question. Marié et fidèle à son épouse depuis 23 ans, il est hanté par l’irrésistible tentation de rencontrer d’autres femmes et de partager avec elles de nouvelles expériences. "Chez lui, ces aventures ne sont qu’un prétexte pour connaître quelque chose qu’il n’a jamais vécu. Il cherche un rebondissement à sa vie. À 50 ans, c’est normal d’avoir ce genre de questionnement. Beaucoup de gens peuvent se reconnaître là-dedans", confie Claude Prégent de sa voix théâtrale et radiophonique.
La démarche extraconjugale que Bernard entreprend pour pimenter son quotidien demeure toutefois discutable! "Comme c’est une comédie, mon personnage s’y prend mal. C’est l’antithèse du don Juan. N’ayant jamais connu cela, il a une vision très romantique de la chose. Il voudrait que ça se passe comme dans les films, mais il choisit des femmes qui sont tellement loin de lui… Par contre, ce sont les situations dramatiques qui forment les meilleures comédies!" souligne le comédien.
L’antihéros fera donc la connaissance d’une femme émancipée et sûre d’elle qui n’en est pas à sa première aventure (Diane Lavallée), d’une jeune femme qui savoure pleinement l’époque de la libération sexuelle (Édith Cochrane) et de la meilleure amie de sa femme (Marie Michaud). "Ce sont des personnages très riches et complexes, à la fois vrais et réalistes, drôles et tragiques. Et j’ai énormément de plaisir à jouer avec chaque actrice", dit le rockeur sympathique du téléroman L’Auberge du chien noir.
LE PLAISIR AVANT TOUT
La pièce est divisée en trois actes et chacun d’eux constitue un face-à-face entre le personnage principal et la femme qu’il tente de séduire. Selon Claude Prégent, l’écriture de Neil Simon – à qui on doit notamment la pièce Barefoot in the Park (adaptée au cinéma en 1967 avec Robert Redford et Jane Fonda dans les rôles principaux) et The Odd Couple (adaptée au cinéma en 1968 avec Jack Lemmon et Walter Matthau) – est truffée de rebondissements étonnants qui ne cessent de décontenancer le spectateur. Le dernier don Juan ne fait pas exception à la règle: "Chaque acte commence exactement de la même façon, mais personne ne peut deviner la direction qu’il va prendre", explique-t-il. Puisque Monique Duceppe a décidé de planter l’action au coeur des années 70, décor et costumes d’époque seront au rendez-vous. "Si quelqu’un sait monter des comédies à Montréal, c’est bien Monique. Elle a une passion pour ce genre de pièces et c’est ce qui fait son talent", soutient Prégent, qui a travaillé plusieurs fois avec la metteure en scène. Puis il enchaîne: "Dans les répétitions, quand on essaie de faire nos comiques, Monique nous ramène au drame que vivent les personnages. Quand on joue la vérité, c’est là que ça devient drôle."
Sur les planches, le comédien n’a jamais campé un personnage aussi avide de sensations fortes. "Je prends mon pied! C’est un plaisir de jouer toute cette gamme d’émotions en deux heures. Bernard passe de l’espoir au désespoir, à la colère, etc.", confie celui qui, à quelques jours de la première, n’éprouve encore aucun trac! "On travaille tellement fort que je n’ai pas le temps de m’énerver! Mon but est évidemment que les gens aiment cela, mais je veux avant tout avoir du plaisir et me payer la traite. La vie est trop courte pour ne pas s’amuser!" conclut-il.
Du 13 décembre 2006 au 3 février 2007
Au Théâtre Jean-Duceppe
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