Monsieur Malaussène au théâtre : Mettre en chair
Scène

Monsieur Malaussène au théâtre : Mettre en chair

Avec Monsieur Malaussène au théâtre, le comédien Vincent Magnat parvient à mettre en chair des personnages de papier bien connus des lecteurs.

L’avantage avec la Salle intime du Prospero, c’est que plusieurs subtilités de jeu sont perceptibles par les spectateurs, dont les pieds effleurent pratiquement la scène. Et pour un monologue comme celui que doit jouer Vincent Magnat dans Monsieur Malaussène au théâtre, cette proximité du public est certes un atout. C’est que l’acteur, passant continuellement du récit à l’évocation et à l’incarnation, arrive, sans surligner et sans avoir recours à des changements de voix extrêmes ou à une gestuelle trop marquée, à ramener sur scène une bonne douzaine de personnages aussi colorés que sympathiques.

Pour les scènes touchantes ou plus intimistes, quelques silences et le regard de l’acteur suffisent même à créer une bulle le liant au spectateur, qui ne perd pas le moindre soupir. Mais cette production, comprenant un jeu d’éclairages pertinent assuré par Étienne Boucher, une musique et une ambiance sonore très présentes, composées et interprétées sur scène par Charmaine Leblanc, sans oublier la mise en scène de Marc Béland et le talent remarquable de Magnat, est à plusieurs niveaux trop grande pour ce petit espace. Même la scène, constituée d’un simple plancher de bois franc et d’un voile permettant de voir le travail attentif de la musicienne-chanteuse, témoigne d’une scénographie très soignée pour de si petits moyens.

En d’autres mots, plus d’espace permettrait sans doute à l’ensemble du spectacle de prendre mieux son souffle et de projeter avec plus d’éclat ce texte de Daniel Pennac. La retenue, c’est très bien, mais puisque personne ici ne manque de talent pour rendre avec nuance toute la saveur des membres de la tribu Malaussène, il ne faudrait pas avoir peur de décoller, de prendre l’espace que le talent et les personnages commandent, de dépasser les murs.

On sent bien la truculence des protagonistes, mais assumer davantage le parti de l’interprétation, franchir un cran plus loin la ligne qui sépare l’incarnation et le récit se révélerait peut-être un beau risque. Enfin, il s’agit d’un spectacle fort réussi qui lance admirablement la compagnie Galiléo, tout en cernant bien son mandat d’exploiter des textes à forte teneur littéraire qui jettent également un éclairage sur la société contemporaine.

Jusqu’au 22 décembre
À la Salle intime du Théâtre Prospero
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