Showdown : Mémoire infidèle
Showdown, le premier spectacle de la compagnie Docteur Fröbel, offre bien peu à se mettre sous la dent.
Avec Showdown, la comédienne Alexia Bürger endosse une première mise en scène. C’est à Fanny Britt, celle-là même à qui l’on doit Honey pie et Couche avec moi (c’est l’hiver), qu’elle a demandé de signer le texte de ce bref spectacle (moins d’une heure). Amalgame de théâtre et de mouvement, la première production de la compagnie Docteur Fröbel est un enchaînement de tableaux explorant de manière confuse les thèmes de la mémoire et de la surmédiatisation. Sans être dépourvue de qualités, la représentation laisse plutôt froid.
S’il n’a pas vraiment de trame narrative, on peut dire que le spectacle est supporté par les relations qui s’établissent au sein d’un quatuor de personnages féminins. Il y a d’abord une femme dans la cinquantaine (Ginette Morin, juste et touchante, on la retrouve avec bonheur). Un soir, en sortant du cinéma, elle fait une macabre découverte: le cadavre nu d’une jeune femme. On apprend assez vite que la morte (Nadine Sures), dont le spectre rôde continuellement sur scène, avait une soeur jumelle non identique (Sarah Wendt). Puisqu’il est question de surenchère médiatique, le quatrième personnage est une reporter sans vergogne (Dominique Leclerc, pleine de fougue, un nom à retenir), toujours à la recherche d’une information exclusive, quitte à la fabriquer de toutes pièces. Yan Lee Chan, qui n’a rien d’autre à éclairer que les actrices et les murs noirs de La Chapelle, sculpte l’espace avec talent et pertinence. La conception sonore est particulièrement soignée. Aux musiques originales d’Amir Amiri, Michel-Antoine Castonguay ajoute des airs, des rires et des répliques emblématiques de la télévision états-unienne.
Les chorégraphies de Lin Snelling, pour le moins simplistes, déçoivent. On n’est jamais convaincu de leur nécessité, aussi bien en regard du récit que des thèmes abordés. Heureusement, la distribution, audacieuse cohabitation de danseuses et de comédiennes, d’anglophones et de francophones, atteint une certaine harmonie. En somme, ce spectacle bénéficie du travail de talentueux créateurs, mais souffre de ne pas avoir de propos à soutenir, de cohérence esthétique à défendre. Ça viendra. Après tout, il s’agit d’un baptême.
Jusqu’au 9 décembre
Au Théâtre La Chapelle
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