Stéphane Jacques : Contes de Noël
Stéphane Jacques supervise la 12e édition des Contes urbains.
C’était en 1991, au Théâtre Biscuit, dans le Vieux-Montréal. Pour conclure un spectacle où il revisitait 150 ans d’oralité au Québec, Stéphane Jacques interprétait le tout premier conte urbain: Les Foufs. Signée Yvan Bienvenue, cette transposition montréalaise et contemporaine de la chasse-galerie est devenue mythique depuis. Les gens qui ont eu la chance d’assister à ce spectacle en parlent encore comme d’un moment magique. En 1994, grâce à Jacques et Bienvenue, cofondateurs du Théâtre Urbi et Orbi, la grande aventure des Contes urbains s’amorçait. Douze ans plus tard, la tradition n’a rien perdu de sa vivacité.
Il faut dire que la formule est aussi simple qu’efficace: un auteur, un acteur et une bonne histoire qui se déroule à Montréal dans le temps des Fêtes. Mais qu’est-ce qui explique que le public soit au rendez-vous, année après année? Stéphane Jacques, metteur en contes de la 12e édition, pense que la mythologie urbaine y est pour beaucoup: "Se faire voler un rein, se faire droguer, se faire piquer par une seringue remplie de sang contaminé… Il n’y a pas que les enfants qui aiment avoir peur, les adultes aussi adorent ça. Les Contes urbains travaillent sur l’inconscient, sur les peurs fondamentales du citadin."
Depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre en 1991, Stéphane Jacques n’a pas souvent porté le titre de metteur en scène: "J’ai toujours fait de la mise en scène par accident, mais là je vais commencer à en faire plus. Ça fait 15 ans que je fais ce métier et je me rends compte que j’ai une affaire qui s’appelle l’expérience." On peut même dire que le comédien est un spécialiste du conte urbain: "Des contes, j’en ai tellement vu, j’en ai tellement fait, je sais comment ça fonctionne." Cela dit, Stéphane Jacques estime que le rôle de metteur en contes s’apparente davantage à de la supervision: "Le metteur en contes, c’est plus un aidant naturel qu’un metteur en scène."
TOUJOURS DE SON TEMPS
Chaque année, on arrive en quelque sorte à renouveler les Contes urbains, sans jamais trahir les principes de base. Selon Stéphane Jacques, chaque soirée est représentative de ce qui s’écrit ici et maintenant: "Le renouveau se fait parce que le public change, comme le monde dans lequel on vit, parce que les auteurs écrivent différemment. Dans les années 90, Jean-François Caron, Dominic Champagne, Yvan Bienvenue et René-Daniel Dubois écrivaient des affaires vraiment sombres. Dans les années 2000, une autre bande est arrivée. Avec François Archambault et François Létourneau, ça s’est allégé. Ils se sont mis à rendre compte du vide et de l’insignifiance, mais avec moins de gravité."
Pour cette 12e édition, Yvan Bienvenue a eu la bonne idée d’inviter des artistes du milieu de la chanson: "Yvan s’est dit qu’un auteur de chansons serait capable d’écrire des contes qui soient des polaroïds de notre époque, qui la cristallisent en très peu de mots, comme un poète. Chose certaine, ça donne à des gens qui n’ont jamais écrit de contes la chance d’essayer. Je peux dire qu’ils ont vite saisi ce qu’il fallait faire." Urbain Desbois et Biz (du groupe Loco Locass) défendront eux-mêmes leurs contes. Le texte de l’acteur et chanteur Gary Boudreault sera interprété par Guy Vaillancourt, celui de l’écrivain Michel Garneau, par Valérie Blais, ceux du dramaturge Yvan Bienvenue, dont un hommage à Dédé Fortin que l’on dit poignant, seront livrés par Sylvie Potvin et Charles Imbeau, et le conte de l’humoriste Jean-François Mercier (coauteur des Bougons), que l’on dit désopilant, sera porté par Antoine Bertrand. Comme le veut la tradition, la soirée sera contrastée. Au menu: humour, grincements de dents, émotion et dénonciation.
Jusqu’au 16 décembre
Au Théâtre La Licorne
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