L’année d’Yves Desgagnés : L’année 2006 d’Yves Desgagnés
Chef d’une troupe consacrée à Tchekhov, il a mis en scène Oncle Vania chez Duceppe cet automne et s’apprête à présenter La Mouette au TNM. Il achève son année avec la sortie de Roméo et Juliette, son deuxième film en un an et demi. Il a beau être essoufflé, Desgagnés est en mesure de prendre du recul. "2006 m’a appris que l’on doit aller au bout de ce que l’on croit et écouter son coeur."
L’acteur et metteur en scène, qui a toujours voulu avoir une troupe tchékhovienne, est aujourd’hui aux anges. Cela demande toutefois une implication artistique intense. "Le projet d’Oncle Vania était spécial car on s’adressait à large public: 30 000 personnes qui n’étaient pas nécessairement initiées à l’univers de Tchekhov. J’ai tenté de ressortir l’essence de ce qui me fascine chez l’auteur et de le faire passer au public. C’était un boulot énorme mais je suis ravi du résultat."
Mais la réelle clef de voûte de son année 2006, c’est l’adaptation cinématographique de Roméo et Juliette. "J’ai tellement appris! Faire un film, c’est très demandant. Ça veut dire prendre cent décisions par jour et, par conséquent, engendrer des risques." Inviter Jeanne Moreau à jouer dans son film a somme toute été son plus beau risque. "Ma rencontre avec elle a vraiment marqué mon année. Au départ, je croyais plus ou moins à la faisabilité de sa venue. Mais j’ai réalisé que Mme Moreau était simple et accessible. Cette rencontre m’a prouvé qu’il faut aller au bout de soi-même sans se laisser décourager. Ça m’a pris 48 ans à bien le comprendre!"
Cette rencontre a d’ailleurs fait son chemin jusque sur les planches du Théâtre Jean-Duceppe… "Le personnage de Vania m’a fait réaliser la même chose que mon expérience avec Jeanne Moreau: tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Il n’y a aucune raison objective de ne pas réaliser ce que tu désires", conclut-il.
COUP DE COEUR
James Joyce, l’Irlande, le Québec, les mots, de Victor-Lévy Beaulieu. Un livre incroyable qui éclaire sur le Québec de 2006.
COUP DE GUEULE
Le glissement effarant vers la droite qui censure, qui empêche l’être humain d’être humain.