Petit Monstre : Réveille-matin
Petit Monstre, du Théâtre Bouches Décousues, est une incursion dans la zone des relations père-fils. Récit d’une situation commune mais pas anodine pour autant.
Un samedi matin, un papa (Sylvain Scott) roupille doucement. À 6 h 15, fiston (Denys Lefebvre), lui, ne dort plus. Il veut jouer avec son papa. Il tentera d’attirer son attention avec tous les moyens possibles. Des jeux, des scénarios de poissons affamés; le gamin a l’imagination habitée. Le paternel s’efforcera quant à lui de convaincre son petit monstre d’attendre: "Papa aimerait ça dormir un peu!"
Dormir ou jouer? Deux désirs, deux générations. La dualité provoque des moments féconds. Derrière la confrontation se terre une complicité bien sentie, notamment lorsque fiston montre à papa comment faire pour pleurer. Rapprochements et échanges qui concluent l’inévitable: tel père, tel fils.
Petit Monstre comporte moins de dialogues que de gestes badins. Il est vivifiant d’entendre une salle remplie de marmots éclater de rire là où, de prime abord, l’adulte n’a rien vu de marrant. Des peluches, une tête de requin ou du bruit, il y a toujours un élément qui taquine le sommeil du père.
Créée en 1992, la pièce Petit Monstre n’a pas perdu de son universalité. C’est à Jasmine Dubé que l’on doit ce texte intelligemment écrit pour un public de 3 à 8 ans. Il est simple et sans aucune pesanteur. Sentiment de culpabilité du père endormi, candeur d’un gamin vitaminé, la pièce est truffée de moments adorables auxquels enfants et parents s’identifieront.
Claude Poissant est garant d’une mise en scène habile et dynamique. Il démontre de manière intéressante que le théâtre pour enfants peut et se doit d’être un art de qualité. La scénographie et les costumes sont de Marc Sénécal et Linda Brunelle. Rien ne manque, couleurs vives ici et là, un échafaud qui ressemble à un avion; la place est pour le jeu. Une toile de fond évoque les frontières, aussi bien de la maison des deux personnages que de leur imaginaire. Parfait pour vos journées de congé.