Soirée des Masques : Notes théâtre
Scène

Soirée des Masques : Notes théâtre

Soirée des Masques

La 13e Soirée des Masques, orchestrée par les membres du collectif d’artistes Momentum, a donné lieu, dimanche soir dernier, à un moment télévisuel original et audacieux. C’est dans un décor de laboratoire joyeusement glauque que les Sylvie Moreau, Céline Bonnier, Nathalie Claude, Stéphane Demers, Dominique Leduc, Jean-Frédéric Messier, François Papineau et Marcel Pomerlo ont insufflé – au public et à leurs invités – l’envie contagieuse de prendre part à cette célébration annuelle du théâtre québécois et de participer activement à l’épanouissement général de cet art.

Entre deux éprouvettes fumantes et un squelette quasi vivant, le Dr Crête et ses collègues techniciens ou analystes en éthique théâtrale ont partagé avec nous le fruit de leurs recherches expérimentales hors du commun. Ils en ont notamment conclu que la consommation de théâtre entraînait "des effets bénéfiques à celui qui s’y adonne" et aussi que l’expérimentation théâtrale constituait "un traumatisme intelligent". Là-dessus, nous avons eu droit à un extrait de la pièce Tête-à-tête, initialement jouée par Jean-Pierre Ronfard et Robert Gravel en 1994 (Nouveau théâtre expérimental), qu’ont repris pour notre plaisir Jacques L’Heureux et Paul Savoie, dans le désir d’insuffler un petit vent de scandale…

La remise des statuettes était souvent précédée de la lecture d’un extrait des oeuvres en nomination, ce qui nous a permis d’entendre ou de réentendre quelques passages forts des meilleures pièces de la dernière année. En tout, 25 prix ont été accordés (un de plus en raison du Masque de la production étrangère, remporté ex aequo par la pièce Dégage, petit! d’Agnès Limbos et Marie Katerine Rutten, montée à la Maison Théâtre, et par 4.48 psychose de Sarah Kane, jouée à l’Usine C). Les artisans de 17 productions ont été récompensés. Grande favorite de la soirée avec neuf nominations, la poignante oeuvre W;T de Margaret Edson, présentée au Quat’Sous la saison dernière, s’est vue quatre fois récompensée. La comédienne Louise Turcot, émue aux larmes, est repartie avec le Masque de l’interprétation féminine, tandis que sa collègue Dominique Pétin remportait celui de l’interprétation féminine dans un rôle de soutien. Pierre-Étienne Locas a quant à lui décroché le Masque de la révélation et celui de la conception du décor.

La pièce Le Traitement de Martin Crimp, une production du Théâtre PàP et du Festival de théâtre des Amériques, a également reçu quatre Masques, dont celui de la production Montréal, de l’interprète masculin de soutien (pour le jeu de Félix Beaulieu Duchesneau) et de la mise en scène, réalisée par Claude Poissant. C’est à Marc Béland qu’est revenu le trophée de l’interprétation masculine, pour sa manière unique de jouer Wahab, personnage principal de l’oeuvre Visage retrouvé, écrite par Wajdi Mouawad (Théâtre d’Aujourd’hui). Jean-Marc Dalpé a obtenu le Masque du texte original pour sa pièce Août (un repas à la campagne), prix accompagné d’une bourse de 10 000 $ octroyée par le Conseil des arts et des lettres du Québec.

De son côté, la production Grace et Gloria (production du Théâtre de l’Île de Gatineau et du Théâtre populaire d’Acadie) a été couronnée du Masque du public. Petite déception pour la production La Princesse Turandot (Théâtre Denise-Pelletier) qui, malgré le fait qu’elle ait été en lice dans six catégories, est repartie avec une seule statuette, soit le Masque de l’adaptation. La pièce Hosanna (TNM), nominée cinq fois, s’est méritée le Masque de la conception des éclairages. Avec plusieurs nominations en début de soirée, La promesse de l’aube de Romain Gary (Espace Go) n’a pour sa part mérité aucun prix à ses artisans.

Le prix hommage a cette année été décerné à Henri Barras, producteur, metteur en scène, comédien, traducteur, enseignant, chroniqueur, mais d’abord et avant tout fondateur du regretté Théâtre du Café de la Place. Les membres de Momentum ont salué cet "homme de paroles et d’idées", qui planche aujourd’hui sur l’écriture d’un livre et d’un blogue sur l’art cru (barrastoutcru.com). Prochain rendez-vous annuel: août 2007, alors que l’Académie québécoise du théâtre confiera l’organisation de sa soirée aux Éternels Pigistes. Ça promet!