Antilopes : Nuit d’Afrique
Le Groupe de la Veillée propose Antilopes, du suédois Henning Mankell, mieux connu pour ses polars que pour sa dramaturgie.
Que ce soit dans un roman policier ou non, la matière littéraire d’Henning Mankell est truffée d’une réflexion sur l’inégalité entre le Nord et le Sud. L’Afrique, ses problèmes sociaux et de racisme font partie des préoccupations majeures de l’auteur, qui partage sa vie entre la Suède et le Mozambique.
Mise en scène par Carmen Jolin, la pièce Antilopes présente l’histoire d’un couple (Gabriel Arcand et Danielle Lépine) qui arrive au terme d’un séjour humanitaire de onze ans en territoire africain. C’est leur dernier soir. Ils attendent leur remplaçant, un ingénieur (Paul Doucet) idéaliste et rempli d’espoir. "La pièce se veut surtout une critique de l’attitude de certains Européens face aux Africains, souligne Gabriel Arcand. Durant cette nuit, les époux font le constat de l’échec de leur travail en Afrique mais aussi de leur couple. C’est une nuit de règlements de comptes."
Henning Mankell soutient que les personnages principaux d’Antilopes sont les Noirs et l’Afrique. Pourtant, un appartement aseptisé tout droit sorti d’un IKEA sera le seul décor. "L’homme et la femme se barricadent dans leur salon d’Européens. C’est une manière de dénoncer le réflexe qu’ont les blancs de toujours vivre en milieu fermé", explique Arcand. Faute de voir des Africains, on devinera plutôt l’exotisme du continent grâce à la bande sonore et aux éclairages.
NI NOIR, NI BLANC
Le Groupe de la Veillée s’est intéressé à Antilopes notamment pour l’effet de nouveauté. Récemment jouée à Paris, la pièce n’a encore jamais été présentée en Amérique du Nord. La grande qualité du texte a cependant été l’incitatif majeur. "Quand on l’a lu, on a tout suite vu que c’était extrêmement bien écrit, se rappelle Arcand. Mankell dit des choses sur l’Afrique dont les journaux ne parlent pas. C’est à ça que l’art sert en quelque sorte. La fiction permet d’avoir accès à un aspect de la réalité que l’information officielle n’offre pas."
Arcand avoue néanmoins que le texte, si bien écrit soit-il, est difficile à jouer. "C’est parfois très comique, quelquefois très touchant et bouleversant. Tu ne joues pas juste sur une ligne. C’est plein de couches d’émotion. Les personnages ne sont pas que bons ou que méchants. C’est nuancé, comme dans la vraie vie", conclut-il.
Du 16 janvier au 10 février
Au Théâtre Prospero
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