Frédéric Dubois : La traversée des apparences

Quelques jours avant la première de La Forme des choses au Théâtre Périscope, sous la direction de Frédéric Dubois (à qui l’on doit notamment Vie et Mort du roi boiteux, Ha ha!… et Zazie dans le métro), les quatre acteurs et toute l’équipe peaufinent leur art et s’apprêtent à livrer au public le fruit de leurs répétitions.

"L’histoire est celle d’un jeune gardien de musée qui tombe amoureux d’une étudiante en arts visuels qui est en train de préparer une grosse installation pour son projet de maîtrise. Cette relation va changer complètement sa vie. Il va se transformer totalement à cause de cette fille, allant jusqu’à rejeter son ancien univers pour que l’amour perdure." Métamorphose extérieure autant qu’intérieure, puisque rien ne semble résister à l’oeuvre des sentiments, et le spectateur est entraîné dans une puissante réflexion sur l’identité, sur l’art de vivre ensemble et sur l’art en général.

Par le truchement d’un texte captivant de l’Américain Neil LaBute, Dubois dresse un portrait chargé d’ironie du monde dans lequel on vit. "C’est un auteur contemporain qui dépeint la société d’une manière assez virulente. Dans cette pièce, on retrouve quatre personnages qui sont complètement incapables de créer des liens entre eux, qui sont pris dans cet univers de surconsommation où on consomme rapidement des humains, où il n’y a plus d’écoute, où il n’y a plus de compassion du tout et où on se contente de l’idée qu’on a des choses plutôt que d’aller en profondeur dans ce qui nous entoure." On est confronté à l’omniprésence du mensonge, de l’apparence et de la tromperie, "tout repose sur le fait que le quotidien cache un drame énorme, comme chacun de nous dans nos vies".

À Premier Acte, l’automne dernier, Dubois présentait l’excellente pièce de David Mamet Glengarry Glen Ross, qui partage avec La Forme des choses "une langue très syncopée, une langue qui va plus vite que la pensée, au rythme effréné. LaBute est passé maître dans ce genre d’écriture, et il y a toute une théâtralité pour moi à aller chercher dans ça. J’écoute les scènes et, des fois, j’arrête de respirer tellement ça va vite, tellement la joute entre les personnages est enlevante, ce qui fait qu’à un moment donné on étouffe complètement".

Le metteur en scène de Québec célèbre cette année le 10e anniversaire du Théâtre des Fonds de Tiroirs (dont il est le fondateur et le directeur artistique) en nous offrant cette pièce élaborée dans l’exigence et le plaisir jouissif du langage, loin des zones confortables de la facilité. À l’image exactement de ces réussites que la troupe accumule depuis maintenant une décennie.

Du 16 janvier au 3 février
Au Théâtre Périscope
Voir calendrier Théâtre