John : Sous observation
La courte pièce John de Wajdi Mouawad sera scrutée par trois regards différents dans le cadre du huitième Laboratoire de mise en scène du Théâtre du Trillium.
Il y a longtemps que ce texte habitait la directrice artistique du Théâtre du Trillium, Sylvie Dufour, qui y voyait le matériau à un laboratoire où plusieurs interprétations du texte seraient possibles. Elle a donc choisi de faire appel aux metteures en scène Nathalie Joy-Quesnel, Anne Marie Riel et Anne-Marie White qui, avec l’aide d’une équipe de créateurs, se pencheront sur les tréfonds du texte afin d’en faire ressortir toute la vérité dans un travail minutieux se comparant à celui de chef d’orchestre.
La pièce d’à peine 20 minutes met en scène John, un ado de 16 ans en peine d’amour et en mal de vivre qui commettra l’irréparable en se donnant la mort. On explore ici son monde à travers les yeux de sa soeur, Jeanne, qui visionne la vidéo que John a laissée tel un témoignage testamentaire et qui tente de lui répondre, afin de comprendre et ainsi de continuer à vivre. Sylvie Dufour, qui a malheureusement connu le suicide au sein de sa famille, a été ébranlé par ce texte qui témoigne d’une réalité: "Je pense que tout le monde connaît un être qui s’est suicidé ou qui a souffert du suicide d’un proche", remarque-t-elle, rappelant qu’il s’agit de la deuxième cause de mortalité chez les jeunes d’ici. Celle qui choisissait l’an dernier le Grand Guignol comme matière à laboratoire ne s’est pas butée à la lourdeur du sujet pour cet exercice, puisque l’écriture de Wajdi Mouawad permet, selon elle, un sain questionnement sur un problème souvent tabou.
Sous une forme poétique, John est aussi un déchirant dialogue indirect entre un frère et une soeur qui expriment leurs sentiments en toute sincérité. "C’est vraiment bien fait. Ce texte de Wajdi Mouawad est d’une grande puissance évocatrice, c’est un beau défi pour les trois metteures en scène, qui ont des styles très différents", affirme Sylvie Dufour.
Enfin, rappelons que le laboratoire cherche avant tout à mettre en lumière le travail des metteures en scène, qui doivent faire une lecture personnelle d’un texte et ce, avec des moyens réduits. Le public est ainsi pris à témoin et est invité à participer à des discussions avec les trois équipes après les spectacles.
Jusqu’au 21 janvier à 20h
À La Nouvelle Scène
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