Roland Schimmelpfennig : Voyages immobiles
Scène

Roland Schimmelpfennig : Voyages immobiles

Roland Schimmelpfennig, figure de proue de la dramaturgie allemande actuelle, voit sa pièce Une Nuit arabe mise en scène par Theodor Cristian Popescu.

Après avoir été présentée aux quatre coins de la planète, Une Nuit arabe prend ces jours-ci l’affiche du Théâtre de Quat’Sous. Theodor Cristian Popescu, metteur en scène d’origine roumaine qui a défendu avec beaucoup de conviction les univers de Biljana Srbljanovic (Histoires de famille) et Marius von Mayenburg (Visage de feu), endosse cette fois une oeuvre troublante de Roland Schimmelpfennig.

Une chaude nuit d’été, dans une tour d’habitation, au coeur d’une cité. Comme tous les soirs, Vanina (Evelyne Brochu) rentre de son travail, prend sa douche, boit du cognac et s’endort sur le canapé. Karpati (Guillaume Champoux), qui la voit de sa fenêtre, aimerait tant l’embrasser. Quant au concierge Lemonnier (Gaétan Nadeau), il voudrait bien comprendre ce qui empêche l’eau de monter au-delà du septième étage. Fatima (Cristina Toma), elle, attend Khalil (Simon Boudreault), son amant, qu’elle reçoit en cachette de sa colocataire. Mais cette nuit-là, tout se détraque, comme si une tempête de sable faisait rage dans les couloirs de la tour. Roland Schimmelpfennig, qui a grandi dans un immeuble semblable à celui dans lequel la pièce se déroule, explique l’importance qu’il revêt dans la pièce: "L’architecture est comme la batterie de la pièce, elle dicte la vie des gens qui y habitent, elle en donne le rythme." Plutôt que de simplement s’adresser la parole, les personnages d’Une Nuit arabe ne cessent de décrire ce qu’ils voient et ce qu’ils font. Les notions de dialogue et de narration s’en trouvent très habilement confondues: "Le langage est invisible et en même temps il peut être particulièrement visuel. La pièce peut très bien fonctionner sur une scène où il n’y aurait rien d’autre qu’un sofa. Opérant dans l’imagination du spectateur, la narration suffit à créer tout un monde."

L’auteur, qui a passé plusieurs années à Istanbul pour son travail, prétend que ce n’est pas ce qui a donné à Une Nuit arabe des relents de mille et une nuits: "Si la nuit où se déroule la pièce est dite arabe, c’est que c’est une nuit où les personnages visitent des endroits qu’ils ne pourront jamais atteindre." La pièce expose ainsi à un fabuleux mélange des genres, un fascinant amalgame de réalisme et de magie, elle est truffée d’exotisme, le soleil y est impitoyable et les déserts y sont sans fin: "L’arrière-plan de la pièce est réaliste et plutôt sombre. Les personnages semblent prisonniers de leur identité. Il n’y a pas d’issues. Puis, soudainement, ils plongent dans un monde différent, un monde qui est peut-être pire que celui d’où ils viennent. Quand j’ai écrit la pièce, je n’ai pas pensé au surréalisme ou au réalisme magique. C’est arrivé tout seul. Il n’y avait pas d’autres moyens de dessiner les contours de cette vie quotidienne."

CV

Roland Schimmelpfennig est né à Göttingen en 1967. Il travaille d’abord comme journaliste et auteur à Istanbul, avant de commencer en 1990 une formation en mise en scène à Munich. Ses études complétées, il devient assistant à la mise en scène et conseiller dramaturgique. En 2000, il est engagé comme conseiller artistique et dramaturgique auprès de Thomas Ostermeier, à la prestigieuse Schaubühne de Berlin. C’est là que seront créées la plupart de ses pièces. À ce jour, il a signé une quinzaine de textes, dont seulement cinq ont été traduits et publiés en français aux éditions de L’Arche: Une Nuit arabe, Push Up, Avant/Après, Temps Universel + 1 et La Femme d’avant. Roland Schimmelpfennig séjournera à Montréal du 22 au 28 janvier. Pour connaître l’horaire complet des activités auxquelles il participera, téléphonez au Goethe Institut: 514 499-0159.

Du 22 janvier au 24 février
Au Théâtre de Quat’Sous
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