Stockholm la nuit : Vol de nuit
Scène

Stockholm la nuit : Vol de nuit

Avec Stockholm la nuit, le Collectif Ikaria dessine le portrait troublant d’une génération.

À la ville ils ne s’écoutent pas et parlent pour ne rien dire, à la scène ils n’arrivent pas à communiquer. Avec Stockholm, la nuit, la troupe de jeunes acteurs en fin de vingtaine du Collectif Ikaria dresse un portrait sévère mais juste des psychoses de leur génération.

Après avoir adapté le roman L’Écume des jours de Boris Vian sur la scène du Théâtre Prospero en mars 2005 (repris à guichet fermé en octobre 2006), la jeune auteure Fannie Bellefeuille signe un premier texte original aux dialogues soignés, ponctués de répliques ironiques tranchantes, de réflexions politiques acérées et de piques d’humour bien senties, explorant avec sincérité l’absence de communication entre les jeunes femmes et hommes d’aujourd’hui.

L’histoire commence par un fait divers banal: un vol à main armée la nuit, dans un dépanneur du quartier de Saint-Henri. Si la propriétaire de la boutique, Julie (Christine Pinard), réagit rapidement en donnant les recettes de sa caisse au braqueur, le jeune criminel (Charles-Alexandre Quesnel, qui montre avec un talent remarquable que le mot "Tabarnak!" peut exprimer une grande variété d’émotions!) panique et s’enfuit en prenant une cliente (Fannie Bellefeuille) en otage. Encouragée par le bouillant Ben (David Buyle), un de ses vieux amis témoin du vol, Julie se résout à partir à la poursuite du fugitif.

La pièce se poursuit à l’intérieur des voitures de ces deux couples mal assortis, sous forme de deux huis clos entrecroisés explorant les effets du "syndrome de Stockholm", ce phénomène psychologique paradoxal d’empathie ressentie par les victimes de prises d’otage pour leur ravisseur.

On peut cependant regretter que la mise en scène de Frédéric Thibaud ne soit pas tout à fait à la hauteur du texte empreint de poésie de Fannie Bellefeuille, magnifiquement mis en valeur par l’accordéon de Lucie Galibois. Le prologue de la pièce, durant lequel on surprend une conversation des comédiens avant la représentation, ressemble à une séance d’improvisation chaotique précédant un spectacle qui tarde à démarrer. Les vingt premières minutes de la pièce, construites sur un rythme trop lent, ne parviennent pas à mettre le spectateur en haleine malgré l’action dramatique qui se joue sous ses yeux et il est dommage que certaines scènes paraissent encore réduites à l’état d’ébauche… même si l’esquisse est prometteuse.

Jusqu’au 27 janvier
À la Salle Fred-Barry
Voir calendrier Théâtre