Antilopes : Chocs culturels
Scène

Antilopes : Chocs culturels

Antilopes n’est pas une pièce divertissante. C’est ce qui fait l’intérêt de ce panorama dérangeant des missions humanitaires en Afrique.

C’est l’heure des bilans pour un couple de travailleurs humanitaires (Gabriel Arcand, Danielle Lépine) installé en Afrique depuis plus d’une décennie. C’est leur dernière nuit dans la chic maison fournie par une ONG internationale. Un jeune ingénieur (Paul Doucet) vient les remplacer. En l’attendant, le couple passe au constat. Celui de la défaite du quinquagénaire venu creuser 500 puits et qui doit partir en en laissant 3 fonctionnels. Celui de l’échec de leur mariage, à propos duquel certaines révélations choqueront pendant la pièce. Mais le véritable fiasco est certainement celui de leur incompréhension totale de l’Afrique.

Antilopes est un malaise en soi. L’invisibilité des Africains alimente l’embarras. Comme s’ils ne valaient pas la peine d’êtres montrés, ils ne sont personnifiés que par des follow spots. Ça choque et c’est efficace. Il est également dérangeant de voir le vieil ingénieur devenu paranoïaque face au "danger" d’être en Afrique. Il est incommodant de l’entendre cracher des clichés condescendants sur les Africains avec lesquels il a pourtant cohabité. Les aime-t-il ou les déteste-t-il? Les deux. Voilà le drame d’un homme complètement déphasé.

Malgré l’attaque de fourmis, la panne d’électricité ou la menace au pistolet, ce ne sont pas les événements qui ficellent le scénario. Antilopes est une série de constatations et de règlements de comptes, point. L’absence d’intrigue est étourdissante mais reflète bien l’état d’esprit des personnages. Le texte de Henning Mankell siège sur des crises existentielles. Ce qui en fait un magnifique défi d’acteur. Gagné pour Arcand: son jeu est nuancé, attachant et dérangeant. Il contraste avec celui de Danielle Lépine, trop monocorde. Ce choix trahit sans doute le désir de montrer une femme rudement blasée, mais quelques variantes seraient nécessaires.

Enfermés dans ce qu’ils appellent le "bunker", leur non-intégration est ce qui irrite le plus. À moins que ce ne soit le fait qu’il s’agisse d’un portrait réaliste d’une situation fréquente. Entre les Blancs et les Noirs, on se demande qui a vraiment besoin d’aide.

Jusqu’au 10 février
Au Théâtre Prospero
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