Lina Cruz : Drôles d'oiseaux
Scène

Lina Cruz : Drôles d’oiseaux

Coquille d’oeil met en scène deux êtres mi-humains, mi-animaux. Une oeuvre ludique fort intrigante dont nous parle sa créatrice, Lina Cruz.

Originaire de Colombie, Lina Cruz a étudié et pratiqué la danse en Espagne avant de s’établir à Montréal en 1989. Ceux qui l’ont déjà vue aux soirées CorresponDanse se souviendront d’une petite danseuse très expressive à la gestuelle minutieuse. Devant son univers étrange, on hésite parfois: est-ce tragique ou comique? "Il y a des gens qui rient, d’autres non; le même geste peut être drôle ou inquiétant", constate la chorégraphe à propos de Coquille d’oeil, qu’elle présente ces jours-ci à la salle Multi. Selon elle, la réaction des gens dépend de leur attitude par rapport à ce qu’elle exprime sur la vulnérabilité humaine.

En amorçant son travail sur ce duo ludique pour deux danseuses, Lina Cruz s’est d’abord intéressée à l’oeil. "C’est la partie la plus vulnérable du corps", explique-t-elle. C’est en effet la seule muqueuse que l’on exhibe à tous, alors que les autres sont bien à l’abri à l’intérieur du corps. Tout naturellement, elle a fait le lien entre l’oeil et l’oeuf, un autre globe humide protégé par une fragile membrane. L’un comme l’autre portent en leur centre une sorte de noyau, comme une grosse cellule.

"Il y a neuf tableaux qui s’enchaînent, dit la chorégraphe. Pour chacun, il y a un élément nouveau avec lequel on explore l’oeil, l’oeuf, le dédoublement. Nous sommes comme deux yeux qui bougent de la même façon, comme un être à deux têtes ou des jumelles." Elle a trouvé la parfaite complice en la personne d’Elinor Fueter, une danseuse que le public de Québec a pu voir avec Montréal Danse l’automne dernier. Une fille qui se donne à fond sur scène. Lina Cruz, qui la connaît depuis bientôt 10 ans, l’apprécie particulièrement pour son expressivité. Une qualité essentielle car le style Cruz exige une grande attention aux détails d’expression, dans les regards notamment.

La gestuelle de Coquille d’oeil, comme celle de toutes les oeuvres de la chorégraphe, s’inspire du monde animal. "C’est tellement beau de trouver l’animal en soi, plaide-t-elle. C’est dans nos gènes. Je pense que ça a beaucoup à voir avec l’évolution. Quand le corps s’exprime, on doit accepter nos limites physiques. On a tendance à surestimer l’humain et on exige beaucoup de nous, mais on ne s’attend à rien d’un animal. C’est très simple au fond." Forcément, avec la thématique de l’oeuf, on imagine facilement des oiseaux. Pourtant, Lina Cruz assure qu’elle se sent davantage dans la peau d’un singe ou d’un reptile.

Les deux danseuses partagent la scène avec un duo de musiciens compositeurs contemporains, le percussionniste Julien Grégoire et le flûtiste Guy Pelletier. En plus de jouer de leurs instruments, ils intègrent le son de différents objets, comme des jouets d’enfants. Les singuliers costumes, signés par la chorégraphe, font eux aussi du bruit à l’occasion. La salle intime du complexe Méduse permettra d’apprécier pleinement ces détails visuels et sonores ainsi que toute la subtilité des mouvements.

Les 25, 26 et 27 janvier à 20h
À la salle Multi
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