La Cagnotte : Y’ a de la joie!
La Cagnotte de Labiche, version Denis Chouinard et mise en scène par Vincent Bilodeau, transmet beaucoup d’énergie et de joie. Mais encore?
Du texte original d’Eugène Labiche demeurent la structure ainsi que l’essence des personnages et l’esprit général que dégage la pièce. Mais tant sur le plan de la langue que sur celui de la transposition de la situation dans le Québec de la crise de 1929, le spectateur a davantage l’impression de se retrouver dans une comédie musicale québécoise que dans un vaudeville français de 1864.
N’ayant pas vu la production de 1973 présentée par la troupe du Sainfouin, dont faisait partie Vincent Bilodeau, qui signe ici la mise en scène, je ne peux malheureusement pas comparer l’objet ni la musique, composée à l’époque par Michel Rivard, avec cette nouvelle version. Mais ce qui, d’entrée de jeu, frappe, c’est la qualité et l’énorme travail des compositions musicales d’Yves Morin. Les chansons appuient bien le rythme du texte comme elles assurent bien la transition entre les tableaux. Nous pourrions en dire autant des changements de décors, signés Mario Bouchard, qui ajoutent également à l’aspect grand déploiement de l’ensemble du spectacle. La distribution, composée de neuf acteurs et actrices chantant et dansant tous, a été bien choisie. Le jeu de David Savard, entre autres, est particulièrement remarquable par son aisance à voyager entre les différentes disciplines et à interpréter de manière savoureuse un animateur de cabaret (le Gayety, qui fut une réelle institution du genre, dans le Red Light montréalais de l’époque).
Ce qui est plus décevant, c’est le peu de matière et de teneur dramatique que véhicule cette coquette distraction. Même si l’adaptation de Denis Chouinard ajoute un peu de viande à l’os livré par Labiche, la pièce demeure un alignement de quiproquos et de numéros amusants mais sans plus. Si, par exemple, Luc Bourgeois, incarnant le gendarme Philippe Potvin, qui vient présenter un tour de chant lors d’un concours amateur au Gayety, arrive à nous faire rire franchement, l’ensemble du spectacle demeure charmant, sans numéro ou scène remarquable, et sans non plus que l’on retienne une chanson ou un air en particulier. Bref, comme pour la plupart des vaudevilles, il s’agit d’un bon divertissement sans prétention dont on conserve peu de traces.
Jusqu’au 10 février
Au Théâtre Denise-Pelletier
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