La Tempête : Ça décoiffe!
Avec La Tempête, le Petit Théâtre de Sherbrooke revisite un classique de Shakespeare pour en faire une production enlevante, qui ne laisse aucun répit aux spectateurs, et encore moins aux comédiens.
Cette pièce, la dernière que Shakespeare a écrite, nous plonge dans l’univers de Prospero (remarquable Sylvain Hétu), un roi chassé de son duché par son frère Alphonse (crédible Amélie Bergeron). Réfugié sur une île depuis plusieurs années avec sa fille Miranda (étincelante Érika Tremblay-Roy), son esclave Caliban (polyvalent Jean-François Hamel) et l’esprit Ariel (voix espiègle d’Ariane Bisson-McLernon), Prospero provoque une tempête pour se venger de ses ennemis, qu’il finira par confronter. Réduire cette pièce à une production d’une heure sans que le spectateur ne perde le sens de l’histoire relevait de l’exploit, mais au jeu de l’adaptation, l’auteur Michel Garneau s’en sort avec brio.
Mise en scène par Isabelle Cauchy, La Tempête se révèle remarquablement bien rythmée, les comédiens entrant dans la peau de nouveaux personnages sans temps mort. Le décor inventif créé par Marcelle Hudon est constitué d’un système de draperies, où sont projetés des effets lumineux suggérant la tempête, la présence d’Ariel, ou servant d’écran pour quelques projections utilisées à bon escient. C’est aussi derrière ces draperies que se font les changements de costumes.
À travers plusieurs trouvailles mettant l’accent sur le jeu pur – quelle jolie idée, ces fausses mains du personnage de Gonzalve -, la metteure en scène a pris quelques paris risqués. Notamment celui de confier deux rôles masculins à la comédienne Amélie Bergeron, qui ne défend ici aucun personnage féminin. Heureusement, la jeune femme s’en tire plutôt bien, et elle n’est pas la seule à devoir se travestir. En Étranglo, un matelot simplet, Érika Tremblay-Roy fait montre d’un délicieux sens du comique et nous offre des moments parmi les plus rigolos de la production. Les costumes truffés d’anachronismes nous font plonger encore plus dans l’univers imaginaire ici exploré. La pièce est habillée par la superbe musique de Michel G. Côté. Dommage toutefois que la petitesse de la salle ne rende pas justice aux effets sonores orchestrés autour de la voix d’Ariel.
Bref, La Tempête offre un feu roulant d’actions et un divertissement fort efficace. Le mot de la fin ira à ce spectateur qui a abordé Michel Garneau après la représentation en lui disant: "Merci! J’ai enfin compris La Tempête!"
Les 2, 3, 9 et 10 février à 19h30
Au Petit Théâtre de Sherbrooke
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