Incendies : Incandescence
Scène

Incendies : Incandescence

Incendies vient embraser la région, alors que les événements de l’été dernier au Moyen-Orient rattrapent la pièce écrite et mise en scène par Wajdi Mouawad.

"Je la referais à tous les ans. J’aimerais continuer à la jouer jusqu’à ce qu’on me mette à la porte! Il y a des pièces dont je me lasse, celle-là, jamais." Vive, Andrée Lachapelle ne cache pas son amour pour Incendies, qu’elle qualifie d’une des meilleures expériences de sa carrière.

Bénie d’un parcours admirable, Incendies a littéralement fait des ravages des deux côtés de l’Atlantique. L’oeuvre a été jouée pour la première fois à Montréal en 2003, au Festival de théâtre des Amériques, puis reprise au Quat’sous en 2004, en plus d’avoir sillonné la France. Récemment montée à Berlin, elle le sera bientôt à Moscou. "C’est un chef-d’oeuvre, voilà pourquoi nous la jouons encore. C’est une création qui se jouera toujours, autant que tous les chefs-d’oeuvre du théâtre", renchérit la comédienne, qui fait partie de l’aventure – tout comme les autres acteurs – depuis le début.

REVENDIQUER L’AMOUR

La famille, l’enfance, les origines sont les thèmes majeurs d’Incendies. Deux jumeaux (Isabelle Leblanc, Reda Guerinick) découvrent, à la mort de leur mère (Lachapelle), l’existence d’un père qu’ils croyaient mort et d’un frère jusqu’alors inconnu. Leur présent part en fumée, tandis que débute pour eux un véritable voyage initiatique. "Ça commence au Québec et ça se transporte au Liban. Mais ça pourrait se passer dans n’importe quel pays ravagé par la guerre", explique Lachapelle.

Qu’on ne se trompe pas, Incendies n’est pas un pamphlet politique. "Ça parle de la guerre mais surtout de réconciliation. C’est une revendication d’amour. Il y a une humanité dans le texte qui rejoint beaucoup de gens", indique pour sa part Isabelle Leblanc.

La rumeur veut que la pièce soit une expérience "rentre-dedans". À chaque représentation, les comédiens voient et entendent larmes et reniflements venant du public. Incendies fouille les émotions, mais fait aussi passer à l’action. "Beaucoup de gens m’ont avoué s’être réconciliés avec leurs proches, après avoir vu la pièce", raconte fièrement Lachapelle.

UN JEU D’ÉQUIPE

Incendies est une histoire d’équipe et de complicité. "Wajdi a le don de réunir des personnes qui s’entendent sur le plan du théâtre. Nous sommes des gens de générations différentes, mais ça ne parait pas", soutient celle qui célèbrera ses 75 ans.

Les neufs acteurs d’Incendies font partie de la genèse de l’oeuvre. Avant de se mettre à l’écriture, Mouawad les a conviés à des discussions, leur demandant de partager leurs fantasmes d’acteurs. Isabelle Leblanc, par exemple, voulait jouer un personnage isolé, qui vivait dans sa tête. L’auteur l’a fait mathématicienne. Reda Guerinick, lui, rêvait de jouer un boxeur. Ce qui fut exaucé.

Mouawad a présenté aux comédiens ce qu’il écrivait, scène après scène. "On ne se gênait pas pour passer nos commentaires. Avec Wajdi on peut dire ce qu’on veut. C’était de la vraie création", souligne Andrée Lachapelle.

Huit mois de discussions, de répétitions, d’inventions ont passé avant la première représentation. "C’est une expérience importante. Il est rare d’avoir la chance de répéter plusieurs mois. Ça nous accompagne si longtemps qu’on a l’impression que la pièce nous appartient", confie Isabelle Leblanc.

Le 9 février
À l’auditorium Dufour
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