Alvin Ailey : Entrez dans la légende
Après 20 ans d’absence, l’Alvin Ailey American Dance Theater nous rend visite avec trois pièces dont la mythique Revelations. Une invitation des Grands Ballets Canadiens de Montréal à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs.
À l’époque où Martin Luther King se démenait pour la reconnaissance des droits des hommes de couleur, un de ses frères de sang leur taillait une place de choix sur la scène artistique internationale en faisant valoir leur histoire et leur identité culturelle à travers le mouvement. Figurant parmi les pionniers de la danse noire, Alvin Ailey est le seul à avoir créé des oeuvres qui traversent le temps et font le tour du monde grâce à la compagnie qu’il a fondée en 1958. Des quelque 80 chorégraphies qu’il a signées avant d’être emporté par le sida à l’âge de 58 ans, Revelations porte tout son talent et l’énergie d’un style nourri de jazz et de traditions, mais également marqué par le classique et la technique de Martha Graham. Pétrie de la révolte et de la spiritualité émanant des negro-spirituals qui l’ont inspirée, cette pièce est un chef-d’oeuvre qui n’a rien perdu de sa vigueur depuis sa première représentation… en 1960. Un grand classique de la culture afro-américaine.
"Je pense que le succès de Revelations vient de son humanité et de sa capacité à toucher les coeurs par les sujets qu’elle traite", déclare Judith Jamison, talentueuse interprète devenue directrice artistique de la compagnie selon les dernières volontés d’Alvin Ailey. "Elle parle d’épreuves, de peines, de gloire, de joie, de réconfort et de foi… Quand on combine tous ces éléments, ça touche tout le monde. Et la joie qui se dégage à la fin de la pièce est telle qu’on pense à une célébration dans une église." Gospel, ragtime et blues sont au programme de ce morceau d’anthologie de la danse moderne qui réunit 30 danseurs hallucinants de virtuosité pour illustrer les souvenirs d’enfance du chorégraphe né au Texas en 1931.
En prélude à cette demi-heure au sud des États-Unis, la compagnie nous offre deux pièces combinant danse moderne, ballet classique et jazz. Créée en 1970 sur une musique spécialement composée par le grand pianiste Duke Ellington, The River est une allégorie du cycle de la vie et du cours capricieux des destinées humaines. Autre ballet mythique d’Alvin Ailey, il ouvre la soirée, suivi d’une chorégraphie signée Judith Jamison, occupée à une nouvelle création pour le 60e anniversaire du Alvin Ailey American Danse Theater. Montée en 2005, Reminiscin’ réunit une douzaine de danseurs sur des airs de blues et de jazz interprétés par des Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Nina Simone et autres Diana Krall.
"Je préfère toujours avoir les musiques en premier et je me laisse beaucoup inspirer par les danseurs, explique la digne héritière d’Alvin Ailey. Cette pièce est un hommage à toutes sortes de relations et met en scène des jeunes qui se retrouvent dans un bar – inspiré d’un tableau d’Edward Hopper – pour vivre un certain type d’histoires. Chaque fois qu’ils en sortent, ils changent d’ambiance et ça devient autre chose."
À ce jour, la compagnie a dansé devant plus de 20 millions de spectateurs, dans 71 pays parmi lesquels l’Afrique du Sud. "Venir à Montréal après tant de temps est une grande joie, conclut Judith Jamison. C’est une belle occasion de rafraîchir les mémoires et de développer un nouveau public." Pour sûr, une occasion à ne pas manquer.
Du 22 au 24 février
À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts
À lire/voir/écouter si vous aimez
Le jazz, le blues, les chants gospel et les danseurs hors pair