Apocalypse à Kamloops : La fin du monde est à Kamloops
Scène

Apocalypse à Kamloops : La fin du monde est à Kamloops

Après avoir semé la terreur à Toronto, Apocalypse à Kamloops s’amène à Ottawa avec sa horde de personnages éclectiques, sur fond de tragicomédie. Rencontre avec celle qui prend les traits de la muse Stérope, Patricia Marceau.

Née d’une collaboration entre Vancouver (Théâtre la Seizième) Toronto (Théâtre français de Toronto) et Ottawa (Théâtre la Catapulte, avec le soutien du Théâtre français du CNA), Apocalypse à Kamloops est la plus récente pièce de l’auteur britanno-colombien Stephan Cloutier, qui nous a notamment donné le succès Safari de banlieue (plus de 150 représentations à la Catapulte). Poursuivant sur le thème de la famille, l’auteur approfondit ici les travers de l’être humain dans un scénario préapocalyptique. Et c’est au metteur en scène Joël Beddows que l’on a confié les rênes de cette jouissive et irrévérencieuse production.

Jocelyn Théroux (Pierre Simpson) reçoit la visite d’une muse divine, Stérope (Patricia Marceau), et de son assistante en stage, Nathalie (Lyne Barnabé), lui annonçant la fin imminente et l’exhortant à régler son karma presto! Pour ce faire, il devra passer ses dernières heures auprès des membres de sa famille avec lesquels il est en conflit, soit son gentil paternel, Bernard (Guy Mignault), et sa colérique de soeur, Mireille (Annie Lefebvre).

La comédienne torontoise que l’on a pu voir dans Portrait chinois d’une imposteure de Dominick Parenteau (Zones théâtrales, 2005) a eu une réaction instantanée à la lecture de la pièce: "J’étais seule à la maison, il devait être minuit et je hurlais de rire! Je me suis dit: "C’est qui ce gars-là, Stephan Cloutier? Il doit être dans ma tête parce qu’on pense pareil!" Et par la suite, je me suis rendu compte qu’on a le même âge, alors peut-être est-ce une question de génération…", suggère-t-elle.

Et ce fut dès lors une vraie partie de plaisir pour la comédienne de plonger dans ce monde déluré où les terriens côtoient les anges, ce qui est loin de faire l’affaire de son personnage de la muse, qui préfère de loin les félicités des cieux aux élucubrations terrestres. "Stérope, c’est comme un commentaire. Si c’était un film, elle serait probablement la narratrice. Elle passe beaucoup de scènes en écoute et elle discourt sur ce qui se déroule, mais seuls Nathalie et Jocelyn peuvent l’entendre, alors il y a toute une situation comique, évidemment", note la comédienne. "Elle est là depuis des millénaires, elle est un peu au-dessus de ses affaires. Elle n’aime pas aller voir l’humanité. Pour elle, le seul avantage d’être sur terre, c’est qu’il y a de la mode! C’est la seule affaire pour elle que les humains ont inventé qui a de l’allure."

Et au-delà de la thématique apocalyptique, le penchant plus sombre de la pièce, Patricia Marceau s’est réjouie d’exploiter le thème plus lumineux du karma. "C’est le fun de penser comme ça, de se dire qu’on revient. Qu’il n’y a pas juste la planète Terre, qu’il y a d’autres univers et d’autres mondes. Cette pièce, c’est comme l’imagination fois quatre! Il n’y a pas de limites! En même temps, il n’est pas vraiment question de religion. La question du karma, c’est une excuse pour bien vivre sa vie et penser aux autres. Que ça existe ou non, c’est une belle chose d’y croire quand on sait que le commun des mortels ne réagit pas s’il n’y a pas de conséquences rattachées à ses actions."

Joël Beddows, que l’on connaît moins pour ses comédies que pour ses pièces contemplatives, va aussi à l’encontre de sa recherche d’épuration scénique dans Apocalypse… en exploitant le "trop-plein", où les objets de consommation s’amoncellent. "Il y a quand même une simplicité dans ce trop-plein, mais le décor est néanmoins chaotique. Ça montre tout de suite le côté irréaliste, absurde, de la pièce", conclut la comédienne.

Du 14 au 24 février à 20h
À La Nouvelle Scène
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