[bjm_danse] : Corps à coeur
Scène

[bjm_danse] : Corps à coeur

[bjm_danse] ouvre le Festival Montréal en lumière avec deux créations encore inédites au Québec. Au programme: le vigoureux chorégraphe brésilien Rodrigo Pederneiras et la jeune Albertaine Aszure Barton.

Leur dernier grand succès a été The Stolen Show – [xspectacle], un programme double de Crystal Pite. En offrant une résidence de trois ans à l’espiègle chorégraphe de Vancouver, les ex-Ballets jazz de Montréal avaient affirmé leur volonté d’incarner une danse contemporaine novatrice et virtuose nourrie aux sources du classique. Mais un virage identitaire ne s’effectue jamais que par paliers. Ici comme ailleurs, la compagnie [bjm_danse] ne s’est pas encore émancipée de son ancienne dénomination et certains publics s’attendent toujours à ce que les échos du jazz retentissent haut et fort dans ses chorégraphies. Ceux-là seront ravis par la création signée Rodrigo Pederneiras, réputé directeur artistique de la compagnie brésilienne Grupo Corpo.

"Mapa, c’est du mouvement pur, très rapide et très technique", commente Audrey Van Hercke, l’une des 13 interprètes de [bjm-danse]. Le motif un peu psychédélique de la toile de fond reflète bien le mouvement à la fois fluide et très géométrique de cette pièce qui symbolise le plaisir de bouger." Sarah Harton, toute jeune recrue de la compagnie, renchérit: "Pour moi, c’est le plaisir d’exploser. Je bouge tellement grand que j’ai l’impression de manger la scène!" Mêlant les danses traditionnelles et populaires du Brésil, la danse de salon et le style classique, Rodrigo Pederneiras crée des oeuvres tout en rythmes, en feu et en sensualité. Portée par la musique tribale du compositeur aujourd’hui décédé Marco Antonio Pena Araujo, sa nouvelle création livre l’énergie brute du Brésil des campagnes. Reprenant les initiales de son nom pour le titre, Rodrigo Pederneiras lui rend hommage comme il l’avait fait pour le Cubain Ernesto Lecuona dans une des pièces présentées par Danse Danse l’an dernier.

Valeur sûre capable de séduire tous les publics, Mapa fait la première partie d’un programme où Louis Robitaille, directeur artistique de [bjm_danse], donne sa chance à la jeune Canadienne Aszure Barton. Celle qui fut brièvement danseuse pour la compagnie est aujourd’hui établie à New York où elle a monté sa propre compagnie et où le grand Mikhail Baryshnikov l’a prise sous son aile. Fidèle à son habitude de révéler l’humain dans le danseur, elle a travaillé en improvisation avec les interprètes pour créer des univers à leur image. Elle les a nommés Les Chambres des Jacques. "Ça a été les sept plus merveilleuses semaines de ma vie, déclare-t-elle, enthousiaste, depuis son repaire américain. Les danseurs étaient si incroyablement ouverts et prêts à prendre des risques! J’aimais arriver au studio sans idée préconçue et voir les moments de magie qui pouvaient advenir. Ça donne une pièce très riche…"

"Plutôt que de prendre ce qui est évident et de le souligner, Aszure va piger dans de petits détails qu’elle intensifie d’abord, puis qu’elle réduit, explique Sarah Harton. Ce que je préfère dans sa pièce, c’est de partager le moment présent avec les autres. Chaque soir, c’est différent." "C’est vrai, poursuit Audrey Van Hercke. On travaille l’émotion pure et on a la liberté d’être sur scène ce qu’on est dans la vie et aussi le soir du spectacle." Deux pièces contrastées pour réchauffer l’hiver.

Du 22 au 24 février
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

À lire/voir/écouter si vous aimez
La compagnie brésilienne Grupo Corpo
La musique de Pink Martini
Le cinéma de Fellini