Elsemeur : L’asile
Avec Elsemeur, le Théâtre Antigun aborde le suicide et la folie de manière un peu superficielle.
Au départ était un défi: signer une adaptation théâtrale de Véronika décide de mourir, roman à succès de Paulo Coelho, auteur de la célébrissime fable philosophique L’Alchimiste. En cours de route, Katy Veilleux s’est vu retirer les droits. Qu’à cela ne tienne, la comédienne a retroussé ses manches pour explorer, dans un texte entièrement de son cru, les thèmes qui l’avaient incitée à adapter le livre de Coelho. Malheureusement, le résultat, Elsemeur, est une incursion sans envergure dans l’univers de la psychiatrie, un vol maladroit au-dessus d’un nid de coucou.
Après avoir attenté à ses jours en avalant le contenu d’un flacon, Julie (Katy Veilleux) se réveille à Elsemeur, une institution psychiatrique aux méthodes disons anticonformistes, alliage de yoga, d’arts martiaux et de placebos judicieusement administrés. En ces murs, l’adolescente révoltée fait la rencontre d’une faune haute en couleur. Il y a Sarah (remarquable Philomène Lévesque Rainville), une femme attachante, gentiment fêlée, pleine de tics, toujours à mettre ses excentricités sur le compte des antidépresseurs; le docteur Raoul (Benoît Finley) et son assistante Renée (Sofi Lambert), deux illuminés tout droit échappés d’un cirque, beaucoup plus fous que leurs pensionnaires; Alexis (Charles-André Gaudreau), un patient qui a la mauvaise habitude de se prendre pour Hamlet et auquel Julie ne sera pas insensible; et, finalement, un mystérieux personnage féminin (Sabrina Casault), comme un ange gardien qui veillerait sans qu’on sache exactement pourquoi.
Le véritable sujet d’Elsemeur, c’est la folie et plus précisément sa psychiatrisation à outrance. Malheureusement, en chemin, la pièce collectionne les clichés et les lieux communs, effectue des emprunts aussi nombreux qu’inutiles à l’oeuvre de Shakespeare. À vrai dire, ce ne sont ni les idées, ni la langue, ni la mise en scène un peu terne de Luc St-Denis qui tiennent le spectateur éveillé jusqu’à la fin de la représentation, ce sont les acteurs, leur grande conviction, d’autant plus noble qu’ils ont peu de matière à défendre. Ceux-là, il ne faudra pas les quitter des yeux.
Jusqu’au 17 février
À la Salle Fred-Barry
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