Feria Musica : L'effet papillon
Scène

Feria Musica : L’effet papillon

La compagnie belge Feria Musica arrive à Montréal pour présenter son nouveau spectacle: Le Vertige du papillon, une fable sur la chute et le déséquilibre. Rencontre avec le directeur artistique, Philippe de Coen.

Pour la première fois, le trapéziste Philippe de Coen, directeur artistique de la compagnie belge Feria Musica, se retrouve complètement dans les coulisses d’un spectacle donné par la compagnie qu’il a fondée en 1995 avec le compositeur Benoît Louis. Habituée à se réinventer, à explorer de nouveaux territoires chaque fois, Feria Musica revient avec sept circassiens (acrobates, voltigeuses, porteuse et porteur, jongleur) et cinq musiciens sur scène.

Afin de poursuivre ses recherches liées au mouvement, la bande investit le monde de la danse et tente de déjouer le cirque jusque dans ses interdits: "C’est une réflexion sur la chute. Bien sûr, dans le monde du cirque, la chute est vécue soit comme une ponctuation, soit comme un échec, donc on parle de déséquilibre et on tente une rencontre intime entre la danse contemporaine et le cirque d’acrobatie." Il s’agit d’un rendez-vous entre deux mondes antinomiques, car "le circassien recherche l’équilibre ultime et s’inquiète plutôt du vertige, alors que pour le danseur, le déséquilibre est un moteur de recherche de nouvelles trajectoires chorégraphiques. On a donc essayé de provoquer le déséquilibre dans le mouvement de cirque et de donner naissance à des mouvements chorégraphiques, pour ensuite revenir à la chorégraphie du monde du cirque."

Le cirque est un domaine vaste et exigeant, aussi, les intervenants sont autant des artistes que des athlètes, mais la danse ou le jeu sont souvent les maillons faibles de leurs performances: "C’était un peu notre angoisse du départ, mais on a affaire à des acrobates qui ont suivi des cours et des stages avec des chorégraphes importants." Le pari était nécessaire, car la danse contemporaine s’est ouverte à l’acrobatie depuis longtemps. "Les chorégraphes sont de plus en plus souvent à la recherche d’un côté plus acrobatique dans leurs danses. Après un parcours personnel du côté de la danse (où j’agissais en tant que trapéziste), j’ai eu envie de rapprocher les disciplines, d’essayer que l’une découle de l’autre… On se rend compte qu’il y a des moments qui sont uniquement dansés, et d’autres qui sont purement cirque, l’un ne réfléchit pas toujours la présence de l’autre. Mais on a essayé d’éviter le piège de mettre des numéros de danse faisant office d’intermèdes ou de moments de respiration."

Moins au service de la narration que dans ses premiers spectacles, assez cantonnés dans le créneau du cirque-théâtre, le groupe tente plutôt de susciter des émotions et renvoie le spectateur à sa propre histoire. La chute peut donc être une métaphore de l’échec, "mais aussi de la possibilité de rebondir et de retrouver de nouvelles voies. On la traite aussi comme un point final ou un point de réflexion. Par exemple, une fille raconte sa chute spirituelle, mais aussi sa manière de renouer avec la vie." Être en position de vertige, c’est aussi être aux frontières de deux mondes: "De deux techniques également, de l’aérien et du rapport au sol."

Par leur chorégraphie appuyée d’effets scéniques, une tension est créée autour du rebond possible lors de la rencontre, du contact entre les univers; est-ce la recherche de l’harmonie? "On a baptisé ça Le Vertige du papillon, car dans le spectacle, il y a au début une rencontre avec une sorte de cocon (un personnage emmitouflé qui finalement est dévoilé par un autre), et ça se termine par un envol collectif – qui est aussi cette aspiration lointaine de saluer perpétuellement la vie. On soulève des émotions, et chacun peut y trouver sa propre histoire."

Du 20 février au 3 mars
À la Tohu
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